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Adaptation américaine du manga culte de nos enfances télévisées, Astro Boy se présente d'emblée comme une variation en sensiblerie pour grand public et petits enfants, le produit est calibré pour l'international et, en ce sens, ne peut s'attarder sur les errances originelles d'Astro. Le métrage tente alors de charger le plus possible en action et en rebondissements pour masquer l'impossibilité de rendre l'atmosphère de l'animé original. Pour autant, le film tient assurément la route, maîtrise l'évidence de son discours, et propulse le petit héros, et nos jeunes enfants,
quand le plaisir de se laisser piloter aux réacteurs du robot vole nos attentions pour un spectacle honorable.
L'on retrouve les trois personnages principaux de ces ravissements de nos enfances : Toby et son père le docteur Tenma, ainsi que son collègue rond du ventre et du visage jusqu'au nez, ici curieusement renommé docteur Elefun (WhatTheFuck?). L'on se laisse rapidement séduire par la dystopie qui sert de décor, cette mégapole arrachée à la surface polluée de la planète – même si l'on reste loin des rêveries d'Hayao Miyazaki – et cette surface justement, qui rappelle furieusement le chaos déserté de Wall-E. L'intervention de nouveaux personnages enrichit idéalement l'univers pour
face à de jeunes humains de son âge, et face à un trio de robots révolutionnaires, décidés à se libérer du joug humain sans pour autant violer les divines lois de la robotiques. Au final, dans la forme du moins, Astro Boy est à la hauteur des exigences didactiques du divertissement populaire, et pas un temps mort ne vient lasser le spectateur.
Le problème est ailleurs. Dans la simplicité du discours, dans
et plus avant, dans la simplification gentille et naïve de ce futur que dépeignait l'œuvre originale d'Ozamu Tezuka. Tout ce qui fait le produit calibré accessible fait perdre l'épaisseur morale et intuitive qui interrogeait profondément nos petites intelligences au suivi des épisodes de la série initiale.
Astro Boy échoue ainsi dans l'adaptation, mais ne gâche pas le plaisir de redécouvrir les origines du petit robot. Sa réussite tient peut-être dans le rappel simplifié de l'univers qui se fait alors invitation à nous replonger dans les épisodes de notre enfance pour partager plus avant en famille, au fil de nos souvenirs, les doutes et les émotions, et pour y retomber – en enfance – aux côtés de nos progénitures indubitablement séduites par l'héroïsme de ce garçon qui leur ressemble :
Puis cette quête de conscience – certes formatée à l'essentiel – ne peut que nous plaire à l'attention de nos enfants, simple peut-être mais limpide et évidente, à leur portée.
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le 18 févr. 2019
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