Un paysage nu, enneigé et glacial: le premier film inuit consiste en une immersion intégrale dans le monde des Esquimaux. A travers l'existence d'un clan, le réalisateur Zacharias Kunuk nous enseigne les conditions de vie extrême et l'organisation sociale des Inuits. Il ne se contente pas de cette aspect documentaire, ethnologique, au demeurant déjà très intéressant en soi. Kunuk intègre une histoire, très simple, épurée, dont le chasseur Atanarjuat est le personnage central, une fiction dont on ne doute pas qu'elle prendra un tour dramatique et même allégorique, concluant que la survie du clan passe par une solidarité sans faille et la préservation de rapports harmonieux.
En épousant Atuat, Atanarjuat s'est fait un ennemi du sournois et méchant Oki à qui la jeune femme était promise. Le sentiment de vengeance d'Oki détruit l'unité du clan. Le film est une invitation à la méditation et il n'est pas précisément un film d'action -dans la mesure où il occulte les scènes de chasse; il s'étire longuement sans jamais être ennuyeux ou monotone. Il le doit à sa remarquable authenticité, concernant le langage, les usages et les croyances des Inuits, leurs codes sociaux. Plus encore, on est constamment fasciné par cette capacité des Inuits à vivre dans le dénument..et dans le froid!