Athena
5.6
Athena

Film de Romain Gavras (2022)

Voir le film

Le tragique au service du pyrotechnique

Romain Gavras arrive avec ses gros sabots pour transposer une tragédie grecque en banlieue contemporaine où règne le chaos. Les trois frères incarnent trois réactions différentes face à une injustice. Et c'est tout niveau scénario. Ce qui est un gros problème dans Athena et sera la limite de beaucoup de spectateurs. Car la coquille se révèle assez creuse, parfois douteuse. Les dialogues n'aident pas et le ton très solennel peut agacer. Problématique également de passer après Les Misérables de Ladj Ly qui parvenait à nuancer son propos et à disséquer avec bien plus de finesse les différentes couches du mille-feuille inflammable.


Que reste-t-il ?


Et bien, ce que Gavras fait de mieux, un putain de clip de 90 minutes en format XXL avec budget fournit à la clé. Et je pense que cela me suffit car il y a un désir, une passion pour l'image. Les plans incroyables s'enchaînent en fondu avec des plans séquences remarquables. Grues, caméras portées, camion de levage et j'en passe avec des centaines de figurants, et des cascadeurs jouant dans les flammes des cocktails molotov, des lasers etc Je recommande d'ailleurs le making-of qui rend bien compte des difficultés techniques. Et contrairement à certains blockbusters américains, les plans-séquence, même les plus invraisemblables, ne sont pas truqués numériquement.


Le discours lourd et maladroit ne m'a finalement pas tant dérangé jusqu'à la dernière demi-heure hélas pas à la hauteur. Et la dernière scène est vraiment problématique dans la mesure où le film n'assume pas sa radicalité, ni de laisser planer le doute sur la responsabilité du crime initial.


Finalement, Athena divise comme souvent avec les prods Netflix qui laisse le champ libre à leurs auteurs pour accoucher d'œuvres radicales mais totalement déséquilibrées et schizophréniques. Pour autant, bien que je reste sceptique et mesuré concernant le fond, j'ai plaisir à défendre des auteurs passionnés et multipliant les trouvailles visuelles pour renouveler constamment la forme. Ce film en est la parfaite illustration.

Créée

le 13 déc. 2022

Critique lue 29 fois

1 j'aime

Tchitchoball

Écrit par

Critique lue 29 fois

1

D'autres avis sur Athena

Athena
Sergent_Pepper
5

Le maître du haut chaos

Le chaos a toujours été la source d’une fertile jouissance : un cri de vengeance pour ceux qui y agissent, un délire de puissance pour ceux qui l’ourdissent, une fascination pour ceux qui le...

le 23 sept. 2022

132 j'aime

6

Athena
BaronDuBis
1

Damien Rieu partouze avec un petit-bourgeois de gauche et le ministère de l'intérieur...

« Athena » représente pour moi l’aboutissement culturel du centrisme, un aboutissement bien mûri durant des décennies de représentation bourgeoise et fantasmé de la banlieue. C’est extraordinaire...

le 25 sept. 2022

88 j'aime

41

Athena
Lenarines
1

On peut pas mettre zéro ?

Ce film est une merde. Voilà. Je sais même pas s’il mérite qu’on s’étale. Mais comme il est très dangereux, oui, il vaut mieux en dire deux mots. Premièrement, la vision de la banlieue et de ses...

le 24 sept. 2022

82 j'aime

43

Du même critique

Metalliquoi
Tchitchoball
5

Casertaquoi ?

Je viens de m'enchaîner l'ensemble des épisodes proposés par Hubert (c'est génial comme prénom) et j'en ressors mitigé. Le principal problème rencontré avec cette websérie c'est que l'on se demande...

le 28 août 2015

13 j'aime

BAC Nord
Tchitchoball
6

Bullet All Criminals

Le dernier film de Cédric Jimenez s’inscrit dans une tradition française datant d’une trentaine d’années qui consiste à cartographier nos banlieues si décriées via le prisme du cinéma vérité. Les...

le 17 août 2021

9 j'aime

Des roses pour le procureur
Tchitchoball
8

Le chocolat de la discorde

Décidément, le cinéma de Wolfgang Staudte, relativement méconnu, regorge de pépites fort sympathiques. Après, « Les assassins sont parmi nous » d’une élégance et maîtrise remarquable au ton...

le 18 août 2020

9 j'aime

4