Le maître du haut chaos
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Romain Gavras est un incroyable clippeur, sa patte, sa mise en scène, ses visuels impriment la rétine et ses images sont très rapidement iconiques. Il a ce talent pour remplir l'image, le cadre, jouer avec les couleurs, les fumées, les corps et la lumière pour avoir une véritable proposition visuelle.
Indéniablement, Athena emporte le spectateur dès son premier plan qui va durer une bonne dizaine de minute, se baladant d'une conférence de presse a un pillage d'un commissariat a la dalle de béton d'une cité fortifiée par des émeutiers.
Le film proposera des scènes jamais vues, une ambiance incroyable et un défi technique relevé haut la main par les équipes. Clairement, Gavras a su mener sa barque et nous donner des images qui nous resteront.
Maintenant, j'ai l'impression de regarder un clip d'une heure trente, dans lequel le réalisateur réalise ses fantasmes. C'est son droit, de parler des cités de la sorte après tout. Loin de moi l'idée de parler d'un monde que je ne connais pas.
Mais il faut que Gavras redescende un peu de son piédestal, la tragédie n'est jamais a la hauteur. Les personnages ont peu de choses a proposer, malgré les acteurs incroyables qu'il a trouvé pour les incarner. De vraies révélations. Les personnages sont unidimensionnels, aux comportement illogiques et mal écrits. Je préfère ne pas spoiler, mais ceux qui l'ont vu verront de quoi je parle. Le "Ma soeur amène moi un tropico" m'a presque fait faire un facepalm, tant la réplique qui se veut marquante est malaisante et rappelle une réplique digne d'un méchant nanardesque des années 80.
Quand aux polémiques politiques, chacun semble obnubilé par sa grille de lecture. Certains voient une glorification des racailles, d'autres une vision raciste de cités. Gavras se revendique de rien et ne veut pas prendre de responsabilité. C'est son choix après tout. Depuis plus de 20 ans ou il nous montre sa fascination pour les cités et la violence, il réalise comme dit plus haut une sorte de fantasme visuel ou il a enfin les moyens pour mettre le chaos urbain devant sa caméra.
Pour citer Rafik Djoumi, il a le droit a l'irresponsabilité politique.
La seule erreur politique qu'il commet, a mon sens, est la séquence finale ou il répond a une question centrale du film qui aurait du rester en suspens. Il finit en quelque sorte par apporter une réponse politique a la situation du film qui au final est convenue et manque réellement de courage politique.
Au final, les débats ont lieu sur un film thématiquement creux, ce qui est bien triste et montre l'hypersensibilité voire l'hystérie des différents bords politique en France.
Créée
le 29 sept. 2022
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