Il y a comme une impression d'être plongé dans une ville défigurée et maudite mais cherchant à renaître de ses cendres, où des âmes se croisent, s'arrêtent et mêlent leur destin.
En signant Atlantic City, Louis Malle dépeint une Amérique qui se cherche et dont les générations se croisent, proposant une mise en scène sensible sublimant des âmes perdues. Cette chronique désabusée d'une ville fuyant son passé est accompagnée d'un souffle mélancolique, évoquant le temps qui passe avec une réelle justesse, sans être dans l'excès mais toujours dans l'authenticité. Cette plongée dans l'enfer d'Atlantic City met en avant la déchéance de l'humain, ses derniers ressorts face à la misère et la violence, parfois ordinaire.
Ici, l'urbanité devient un protagoniste à part entière, devenant bien plus qu'un fond alors que Louis Malle met en scène une ville du passé qui se meurt. On y est plongé et une émotion ressort de ces immeubles devenus sordides, que l'on détruit pour reconstruire suivant les nouveaux besoins de la station balnéaire. C'est dans ce paysage que ces personnages ambigus mais sincères se croisent, principalement une employée vivant et encaissant pour un rêve ainsi qu'un vieux truand, pathétique et nostalgique qui ne reconnaît plus la nouvelle génération et les codes allant avec, plongeant dans une combine minable pour faire ressortir une flamboyance passée.
Parfaite frontière entre le réalisme de la Nouvelle Vague et le système hollywoodien, Atlantic City parvient à faire ressortir de nombreuses sensations, a nous attacher à des personnages parfois minables mais terriblement humains. Louis Malle joue parfaitement avec les tons nocturnes avec un crépuscule mélancolique ou ceux ensoleillés, notamment les matins semblant froids. Devant la caméra, Burt Lancaster, alors au crépuscule de sa carrière, est saisissant, comme toujours, et il est bien accompagné, principalement par une parfaite Susan Sarandon.
Louis Malle propose avec Atlantic City une plongée urbaine dans une ville maudite et une ère où les âmes se croisent, cherchant à rattraper le passé ou au contraire le fuir, et on s'attache à eux, ainsi qu'à une atmosphère nocturne, crépusculaire, mélancolique et remplie d'émotion.