Milo Thatch aimerait partir sur les traces de son grand-père à la recherche de la mythique Atlantide. Seulement, il faudrait d’abord qu’il parvienne à convaincre la direction du musée dans lequel il travaille que l’Atlantide est bien réelle. Finalement, c’est un millionnaire qui le joint à une expédition qu’il a fait monter dans ce but. Mais la cité qu'il va découvrir sous terre est une ville endormie par plusieurs siècles de somnolence intellectuelle, à vingt mille lieues de celle décrite par la légende...
Après La Belle et la Bête et Le Bossu de Notre-Dame , d’un classicisme qui faisait honneur aux studios Disney, les deux réalisateurs Gary Trousdale et Kirk Wise changent radicalement de style avec ce film d’animation, qui semble puiser à la source inépuisable de la littérature de Jules Verne, optant pour une lointaine parenté avec Voyage au centre de la Terre.
Pourtant, si l’influence vernienne est certaine, Atlantide semble emprunter à un autre génie de l’animation, Hayao Miyazaki, dont les animateurs Disney parviennent presque à égaler le talent pour les décors fabuleux, leur aspect grandiose étant largement renforcé par la musique somptueuse de James Newton Howard, qui entre elle-même en résonnance avec l'hallucinant travail sur le son que nous propose le grand mais méconnu Gary Rydstrom. On ne peut pas, en effet, ne pas penser au merveilleux Château dans le ciel, l’Atlantide évoquant directement par son style visuel la citadelle de Laputa, sans oublier le côté steampunk, évident point commun entre les deux œuvres. De ce point de vue, Atlantide est tout autant réussi et parvient à faire vibrer son spectateur au même rythme que son illustre prédécesseur.
Toutefois, là où Le Château dans le ciel proposait une poésie pleine de délicatesse, le film de Trousdale et Wise se contente - et c’est déjà beaucoup - de nous faire rêver, certes, mais sans grande émotion. Son scénario ambitieux est plus que louable, d’autant qu’il donne lieu à une des plus grandes fresques épiques que les studios Disney nous aient offerts, mais il est dommage qu’au lieu de chercher à étoffer jusqu’au bout leurs personnages pour culminer dans une apothéose chargée d’émotion, le script s’englue dans une sorte de gloubi-boulga métaphysique à base de cristal magique possédant sa propre conscience… Il faut dire que le script original appelait un film d’une durée supérieure à 2h, ce qui aurait potentiellement pu nous offrir un film bien différent et bien plus achevé que cette version finale, mais aussi beaucoup trop longue et éloignée des standards Disney pour être sortie telle quelle.
Si la finesse des dessins n’est pas non plus au rendez-vous, il faut bien reconnaître qu’on s’y habitue vite et elle n’empêche pas aux personnages d’être assez creusés, notamment lors d’une scène où chacun revient sur son propre passé, ce qui nous permet de nous y attacher suffisamment pour qu’on suive avec plaisir leur périple. Et l’humour, dû essentiellement aux personnages très pittoresques de l’équipe d’exploration (hilarante Mme Placard), qui titille dur les zygomatiques sans être excessivement souligné, parvient à nous faire passer sur un scénario un peu trop alambiqué pour se laisser emporter par la magie d’un spectacle grandiose qui n’oublie pas que sa mission première est de nous faire voyager dans notre fauteuil… Mission accomplie !