Le réalisateur du premier John Wick revient aux affaires avec Atomic Blonde. Un John Wick version féminine qui voit Charlize Theron sauver le film grâce à sa classe folle et jouer des coudes dans un Berlin en pleine chute du Mur où des agents doubles vont se cogner dessus sans relâche dans une œuvre qui brasse à la fois le film d’action burné et le film d’espionnage à la Jason Bourne. Mais là où David Leitch réussissait son pari avec John Wick et ses gunfights ultra chorégraphiés, le cinéaste et ancien cascadeur perd en puissance avec Atomic Blonde en voulant trop orienter son film vers un scénario brouillon et une mise en scène plus poseuse qu’esthétique.
Malheureusement n’est pas Nicolas Winding Refn, qui veut. Là où le Danois sait se jouer des couleurs, leur donner une émotion et immiscer sa violence viscérale dans son environnement ultra graphique et mutique, Atomic Blonde joue la carte du film pulp, sauvage, au cadre léché, mais qui confond un peu trop pose pour publicité de parfum au détriment de l’iconisation de son actrice voir même de son environnement berlinois qui est à peine utilisé alors qu’il y avait matière à faire.
Dans cette période de Guerre froide, où une agent secrète doit trouver une liste volée par un membre du KGB, qui contient les noms des agents de l’Ouest et qui pourrait voir cette guerre s’amplifier si la liste venait à être diffusée, Atomic Blonde incorpore sa trame dans un univers politique foisonnant. Mais comme pour la ville de Berlin, David Leitch ne fait pas grand-chose de son enclos spatio-temporel, ce qui amenuise très clairement le peu de tension ou de suspense que contient le film. Dans le même genre, la ville de Bucarest et l’esthétique subversive des lieux étaient bien mieux traités dans Charlie Countryman de Fredrik Bond.
Qu’on se le dise rapidement, Atomic Blonde est porté uniquement par son avalanche d’action et se sort du traquenard filmique grâce à cela. Car là où la qualité du cadre, la simplicité honnête du récit, la présence magnétique de Keanu Reeves et l’humilité de l’action artisanale de John Wick faisaient mouche, Atomic Blonde s’enlise un peu dans ses manières stylistiques un peu datées, ses twists indolores, ses personnages inutiles (l’agent française qui sert de caution sexy pour scène lesbienne vaine), sa bande son 80’s prenante mais omniprésente, qui parfois ne sert qu’à combler les trous béants de son histoire comme pouvait le faire dernièrement Suicide Squad.
A force d’amener son film vers la séance badass qui déambule entre clip show outrancier et baston enivrante mais qui court dans le vent, Atomic Blond ne convainc guère malgré son sens de l’action. Là où John Wick se lançait dans des guérillas de gunfights, Atomic Blonde se voit plus influencé par The Raid et les corps à corps qui frappent fort et giclent sur l’écran. Il est impossible d’enlever de ce talent technique au réalisateur tant il excelle dans certaines scènes, comme durant un fameux plan séquence de plusieurs bastons dans les escaliers d’un immeuble. Mais dans ce marasme un peu indigeste, reste Charlize Theron.
Ces derniers temps, le film d’action rime avec féminin. Gal Gadot avec Wonder Woman, Scarlett Johansson avec Ghost in The Shell, Charlize Theron avec Fury Road, ou même Imogen Poots avec Green Room. La sud-africaine reprend la tunique de Furiosa, est un délice à chaque plan et montre que Gal Gadot et ses pitreries naïves peut aller doucement rentrer chez elle. La vraie Wonder Woman : c’est Charlize Theron. De la classe, du nerf à vif, du charisme. Dommage, le reste du film n’est pas à la hauteur.