Atomic Blonde, qu'on décrit comme l'homologue féminin de James Bond ou encore comme celui de Jason Bourne, est non seulement digne de ce titre, mais s'en démarque considérablement. Il s'inscrit dans un contexte particulier, celui d'une Guerre Froide bâtie sur des mensonges et des trahisons, sur fond d'espionnage et de contre-espionnage. Novembre 1989, le mur de Berlin s'apprête à être détruit, et cet événement marquera la fin de la guerre.
Ce n'est pas cette histoire.
C'est ainsi qu'Atomic Blonde débute, démentant des faits historiques avec le culot qu'il arborera du début à la fin. C'est dans ce Berlin sombre et anarchique que cette histoire prend place. Lorsqu'un agent infiltré du MI6 détenant une liste d'une valeur inestimable est assassiné et que l'objet est volé, l'agent Lorraine Broughton est chargée d'enquêter sur ce meurtre. Elle plongera dans des affaires où savoir à qui faire confiance se révèle impossible, et où démêler le vrai du faux relève de l'exploit.
Un bon scénario dans un film à gros budget : espèce en voie d'extinction
Le scénario d'Atomic Blonde est très bon. Il parvient à surprendre, et se complexifie au fur et à mesure à tel point qu'il aurait tendance à nous perdre si nous n'étions pas aussi absorbés par ce qui se déroule sous nos yeux. Quelques connaissances sur la Guerre Froide permettraient peut être d'apprécier davantage le film, même si elles ne sont pas spécialement de rigueur. Par son scénario, Atomic Blonde rappelle quelque peu Les Infiltrés de Scorsese, avec ses trahisons, ses mensonges et ses retournements de situation frappants. La trame d'Atomic Blonde mérite donc le détour, car elle est assez intelligente.
Des personnages assez charismatiques, et une Theron à la hauteur
Le scénario possède lui-même des atouts, à savoir ses personnages. Si Delphine Lasalle, interprétée par la française Sofia Boutella, ne présente pas grand intérêt, et si le David Percival de James McAvoy ne peut être considéré comme un excellent personnage, celui de Lorraine Broughton sauve le tout, surtout à la fin du film où elle se retrouve étroitement liée au scénario adroit. Charlize Theron est excellente dans le rôle principal, et le choix de l'actrice est très judicieux. Autre caractéristique du film, et l'une de celles qui m'ont convaincue, il ne fait pas de sentimental, ou alors très peu. C'est bien car des émotions trop marquées n'auraient pas eu leur place dans ce film "froid", malheureusement on veut trop souvent émouvoir au cinéma, même lorsque ce n'est pas nécessaire. À tel point que ça peut déranger, mais Atomic Blonde ne commet pas cette erreur.
Visuel, photographie et réalisation : régalant, sombre et stylé
L'ambiance d'Atomic Blonde passe presque exclusivement par l'image : les tons du film naviguent entre le gris, le noir et le bleu, créant quelquefois des contrastes avec des couleurs plus intenses. La photographie sombre et sublime contribue à créer cette impression d'obscurité qui traduit l'histoire que raconte le film. C'est à la fois très stylé, chic et fun, et le visuel est en définitive tout simplement beau. C'est un plaisir pour les yeux, là où on peut craindre quelque chose de trop tape-à-l’œil. Puis vient la réalisation, qui est sans conteste réussie : quelques beaux plans iconiques, des scènes de combat au corps-à-corps très bien chorégraphiées, et des scènes d'action qui, en général, font mouche. C'est sans oublier le sublime plan-séquence : avec une durée d'environ 10 minutes, on se doute bien que c'en est un faux, or on a beau chercher les coupures, elles ne sont que très peu visibles. Les plans-séquences, ça marche à tous les coups, surtout lorsqu'ils sont si bien orchestrés. On s'en délecte jusqu'à la dernière seconde, et celui d'Atomic Blonde est savoureux (il m'a rappelé ceux de Marvel's Daredevil, un vrai bonheur). Vous l'aurez compris, Atomic Blonde est visuellement très réussi, David Leitch assure à la réalisation.
La musique : un atout potentiel de plus en plus prisé par les blockbusters
La bande originale, signée Tyler Bates (300, Watchmen, Sucker Punch, John Wick 1 et 2, Les Gardiens de la Galaxie 1 et 2, rien que ça), réunit plusieurs très bons morceaux en plus de thèmes créés spécialement pour le film. Parmi les titres dont on se souviendra, on peut citer 99 Luftballons de Nena accompagné du remix de Kaleida, I Ran par A Flock of Seagulls, ainsi que quelques morceaux de Queen comme Under Pressure, et j'en passe. La musique est très présente dans le film et elle souligne encore le côté "stylé" du métrage.
Atomic Blonde : divertissement de qualité, film d'espionnage réussi
Il serait bien dommage de partir avec des préjugés indélogeables sur le film, de le considérer avant et après visionnage comme trop pompeux car toute crainte pourrait se dissiper sans problème. Peur d'un scénario simpliste ou, à l'inverse, trop complexe ? Il reste accrocheur tout en étant enchevêtré. Réticents quant au personnages qui vous semblent caricaturaux ? Ils sont simplement forts et complexes, et on les apprécie ainsi. Effrayés à l'idée que la musique ne prenne trop de place ? Elle est toujours bien dosée et s'intègre parfaitement à l'action. Craintifs d'un visuel trop grandiloquent, manquant de modestie ? Il est simplement spectaculaire, accompagné d'une photographie sublime, et il arbore sa propre identité avec fierté. Atomic Blonde est un divertissement stylé comme on aime en voir, un petit plaisir qu'on n'oubliera pas du fait de son ambiance particulière.