T’es tueur de sang froid toi aussi?
Leitch renoue avec ce qu’il a toujours préféré: une jolie gueule, un long manteau grisonnant, comme pour mieux dissimuler un arsenal de pétards, de l'alcool, des clopes, de l’alcool, une vieille photo déchirée, j’en passe et des meilleures.
Du rythme, ce film n'en manque certainement pas! Les quasi 2 heures de spectacle se ressentent à peine, et c'est bien tout ce qui fait le charme de ces productions. Car oui, même auréolé d'un 6/10 (6 et demi si j'avais pu), ce film n'en est pas moins une véritable oeuvre de scénographie.
Le grain de l'image est encore plus travaillé que chez son prédécesseur Wicky le sanguinaire. L'ambiance Berlinoise est plutôt bien respectée, la distinction Ouest-Est se voit bien, il est d'ailleurs inutile de préciser où l'on se situe dans la ville, un coup assis au fond d'une Mercedes blindée à l'Ouest, l'autre au beau milieu d'une rave sauvage quartier Rudolfstrasse (un bonheur). Beaucoup de néons, beaucoup de flous, on croirait presque à un Sin City chromatisé, c'est dire..
Pour situer l'histoire (je n'aime pas beaucoup parler de l'histoire dans mes critiques, si vous êtes ici c'est que vous vous y êtes déjà intéressé), toute fin de Guerre Froide - à l'aube de la destruction du Mur de Berlin - des agents spéciaux pleins les rues, tout le monde se court derrière à la recherche d'informations compromettantes, de gloire, d'oseille et de sang. Ca tient la route, malgré un final un peu trop capilotracté à mon goût. M'enfin c'est pas Le Pont des Espions, on n'est pas là pour ça.
Nous voilà donc assez rapidement à Berlin, en pleine chasse à l'homme - ou plutôt à la femme - avec une pléiade d'acteurs tous aussi bons les uns que les autres, chacun donnant corps à leur personnage respectif (c'est ce qui aurait justifié un demi-point supplémentaire). Charlize Theron est plutôt bonne, on sent qu'elle se régale à jouer à la Faucheuse manipulatrice aux 347 coups d'avance. Elle est à ce sujet au générique en tant que productrice associée, on sent qu'elle a carte blanche. James Mc Avoy a encore l'air possédé par Patricia, il est toujours aussi jouissif. C'est sans doute le personnage le plus "complexe" du film, il est dans tous les coups.
Mention spéciale à Eddie Marsan, que j'adore, et qui est excellent en agent de la Stasi cérébral mais terre-à-terre (la scène du pansement au scotch est un pur kiff). En bref, des acteurs dans le bon rythme, facilitant le visionnage et permettant d'axer l'attention sur la mise en scène.
Les scènes de combats sont franchement agréables, c'est dynamique, moins répétitif que chez Keanu, et plutôt bien amené.
Personnellement c'est ici que le film tire tout son génie. Il est dynamique. Techniquement, les effets caméra place le spectateur dans la scène mais aussi autour de celle-ci. Les mouvements de rotations pendant les bastons, les entrées-sorties des véhicules lors des courses-poursuites, les enchainements zoom-travelling-turnover sont parfaitement maitrisés, ça virevolte, la musique se colle au décor et créer un ensemble intéressant et peu commun. Inutile de vous parler de LA scène de combat dans l'immeuble, en un plan-séquence de 8 minutes, qui se classera rapidement dans les plus grandes scènes de combats du 7ème art...
Je pense que le voir sur grand écran l'enrichit dans sa composition globale.
Les idées sont là, le film est plus abouti que les précédents sur tous les points. Un esprit à la limite du Comics, flirtant parfois avec le pastiche, mais toujours aussi agréable.
On se prend même à apercevoir des petites touches personnelles, comme cette lampe de chevet à l'allure étrangement conforme à Charlize, dans les moindres détails si l'on ouvre bien l'oeil ;-) On sent bien que le réal a prit du plaisir, que l'actrice principale aussi, puis nous aussi, le voisin assis à côté aussi, puis moi à écrire cette critique, et c'est à peu près ce pourquoi le cinéma est fait.