La SNCF vous présente tous ses vœux pour cette année 2021 et vous prie de l'excuser pour ce retard.
Voilà donc, et pour une fois, un "rail-movie" ou "train-movie", ou encore "La Vie du Rail en marmaille" !
Je dis ça à l'intention des forts en angliche qui se croient obligés d'appliquer l'anglicisme "road-movie" à toutes les bandes filmées où se déroulent des courses en bagoles, de préférence américaines, dont aucune ne saurait trouver refuge dans un garage de HLM...
Ce qui est tombé sur ce pauvre film est pire que si la SNCF s'était mise en grève au moment où le réalisateur vagissait "Moteur, Silence" !
Comme le chantait le défunt Pierre Vassiliu, Benjamin Euvrard, le réalisateur de ce Corail-movie : c'est qui justement ?...
"Qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il a, qui c'est
Celui-là?
Complètement toqué, ce mec-là, complètement gaga
Il a une drôle de tête ce type-là
Qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il a?"
Il a été touché par la covid, voilà...
J'ai une grande tendresse pour les trains, une autre pour le grand André Dussolier, ses tics buccaux, sa voix à nulle autre pareille, cette façon de s'imprégner de ses rôles et de rester un grand enfant sentimental...
Était-il nécessaire quand même qu'il emmenât sa propre marmaille (Léo) dans cette colonie de vacances ferroviaires ?
Twist SNCF : Giscard (oui celui d'Estaing près de Chamalières) rêvait de faire faire du bénéfice à la SNCF : il l'a tuée ! Les producteurs de cet autre train rêvaient peut-être de royalties eux-aussi avec ce film, et ils en auront été pour leurs frais : Maxime Japy en tête ! Mes condoléances : le train c'est pas rentable...
La faute ici à un scénario consternant ressemblant à l'offertoire d'une église : trop de mains ont mis les pieds dedans...
Dommage, le thème retenu aurait offert à un écrivain manipulant l'humour fin un sujet de rêve et des digressions genre Dany Boon... Hélas, l'humour est ici au niveau des Pieds Nickelés qui l'ont écrit : Croquignol, Filochard et Ribouldingue... On fait avec les plumitifs qu'on a sous la main, même si ce ne sont pas des comiques et qu'ils écrivent comme des pieds...
On suit ce film sans passion, sans guère d'intérêt mais sans non plus subir...
Quand on sombre dans le burlesque, c'est qu'on n'a pas le talent de cultiver le véritable humour... Ça permet aussi aux acteurs de déconner et s'éclater à gogo...
Ne vous attendez donc pas à éclater de rire à tout instant... C'est croquignolesque sans plus mais c'est quand même moins pénible que subir à la télé le trois mille vingt troisième épisode de "Fort-Boyard" ou pire affronter le Stéphane Bern et ses secrets de polichinelle.
La carré avait été mis : faux départ pour ce film tué dans l'œuf par les risques pandémiques :
187 209 spectateurs n'ayant pas craint d'affronter l'espace confiné des cinémas : ce fut une marche héroïque !
J'aime trop les films qui ne cèdent pas à la facilité des récits dramatiques pour condamner une aventure trop caricaturale même cédant à la facilité du comique déjanté...
Ici, le train a déraillé ! Comme celui de Palavas les Flots de Dubout !
Attention, les belges vont être tentés de nous détourner ce train : éloignez-vous de la bordure du quai !
Euvrard peut certainement mieux faire...
la une (RTBF) le 26.06.2023-