Attention, les enfants regardent par Mickaël Barbato
Quatre enfants de la haute sont en vacance dans le Sud de la France. Ils sont gardés par une bonne. Les enfants passent leur journée devant la télé, à regarder de la violence pan pan. Alors, ils deviennent fous. C'est vrai, ça rend fou la télé, les films, les jeu-vidéo, le poker, la voiture. Un soir, la bonne les prive de télé, les enfants sont énervés. C'est alors une volée d'insultes racistes de la part des enfants. Ben oui, faut pas s'en offusquer après les dernières élections.
Le lendemain, cette même bonne fait bronzette sur un tapis gonflable. Pour la réveiller, les enfants la foutent à l'eau sur son tapis, en sachant qu'elle ne sait pas nager. La bonne se noie, alors qu'un gamin, le brave Dimitri, tente de la sauver. Poignant.
Suivent vingt-quatre heures de bonheur, la télé toute la nuit. C'est ignoble ce qu'ils y apprennent, ce qu'ils y voient. Des speakrices comme Dorothée. Ignoble, et pousse-au-crime pour notre belle jeunesse. Car non, ce n'est pas le malaise ambiant, l'avenir plus qu'incertain, qui inquiètent les enfants. C'est uniquement la télé.
Bref, c'est freestyle où ils font des trucs aussi fous que s'habiller comme papa et maman dans un élan de lucidité. Parce que c'est bien beau de défoncer la télé, d'en faire le Mal absolu jusqu'au fin fond d'une superette où passe une pub pour la télé couleur pendant que les enfants foutent le boxon... Mais les parents dans tout ça ? C'est sûr, on ne cesse de penser à leur absence criante, mais on sent très bien qu'il ne s'agit pas, pour le réa, du problème numéro un.
Puis, à la moitié du film, le ton change radicalement. Alain Delon, le grand, intervient. Ce bellâtre a tout vu évidemment. La noyade, les enfants qui s'amusent etc. Il rentre dans l'immense baraque, se prend une bière au frigo, fout des torgnoles aux morveux.
La tension monte. L'homme, ainsi nommé dans les crédits, utilise la voiture de luxe des parents, et fait le coup de la métaphore du grand méchant loup. La télé est toujours allumée. L'homme enfile les bières. Terrifiant. Les enfants, dans leur chambre, élaborent un plan pour liquider l'homme. Un plan dicté par la télé, évidemment.
L'homme, qui semble chercher un hypothétique magot caché dans la bâtisse, va alors faire face à l'Enfer. Pourquoi ? Parce que lui-même s'abreuve de télé, et ça c'est vraiment pas beau. Absorbé par un dangereux match de tennis (véridique), il ne voit pas l'ainée qui vient l'aguicher de ces formes encore moins que naissantes. Le bougre la repousse entre deux points. Et pendant ce temps un gamin arrive par derrière avec l'arme du père qui devait traîner dans leur chambre. C'est un massacre. Une bastos dans le buffet suivi d'une chorégraphie delonienne que ne renierait pas Johnn Woo. Puis, une balle dans la télé qui, en explosant, achève l'idole de ces dames.
L'horreur est à son comble. La nuit passe. Le lendemain, l'ainée répond à l'un de ses frères : "c'est pas nous qui l'avons tué, c'est la télé". C'est beau comme un plan sans anicroches. Le foutoir règne à la maison, mais le corps du plus grand acteur français de tout l'univers doit disparaître. Alors, les enfants l'embarquent dans la bagnole et partent en ballade la nuit venue.Le levier de vitesse, le code de la route etc, plus rien n'a aucun de secret pour eux au bout de cinq secondes. Et allez nous expliquer qu'il faut passer le permis après ça ! E tout cas, ils s'arrêtent au bord d'une falaise, like a boss, et poussent la voiture.
Les enfants rentrent, rangent, arrangent. Les parents doivent rentrer le lendemain à 18h30. Ils n'y verront que du feu parce que les enfants sont des innocents et que seule la télé peut les détourner du chemin de la candeur immaculée.
Je vous laisse, le film m'a perché.