Attention les yeux ! par Alligator
Curiosité quasi introuvable pendant longtemps (un DVD a été publié), diffusé rarement et jamais cité parmi les comédies françaises de l'époque, cette petite bouse vaut tout de même le coup d’œil pour son casting et son sujet.
Car il s'agit bien d'un très mauvais film, braillard, mal filmé, qu'on sent brinquebalant, mal fichu, tourné vite fait. Finalement, il ressemble à ces productions "cheap" qu'il entend dénoncer, ou du moins tourner en dérision.
L'histoire tient sur une feuille de PQ : un réalisateur se voit contraint par deux producteurs un poil véreux de tourner un film érotique sans le sou. Et si le film n'est pas très drôle en raison de ses gags lourdingues, il met en scène un monde qui a bel et bien existé, celui des petites productions nanarofères qui ont pullulé avant le classement X et l'explosion de la vidéo. Sujet à la mode à cette époque : la sexualisation ou la pornographisation de la société. On pense à "Sex-shop" de Claude Berri ou "On aura tout vu" de Georges Lautner.
Toujours est-il que "Attention les yeux" brille uniquement pour sa distribution (voir trombi). Après, on peut s'amuser à voir tout ce petit monde essayer d'aller au bout de cette production brouillonne.
C'est trop long. Le film laisse l'impression d'être finalement une suite plus ou moins fine de sketchs, de gags entrecoupés de nichons dans un cadre carton-pâte. Le prétexte humoristique et de la dérision cachent-ils des ambitions plus terre à terre et une certaine complaisance vis-à-vis de la sexualité filmée? Néanmoins, le scénario est signé Nicole de Buron à qui on doit peut-être faire grâce d'un tel reproche. Reste cette ambiguïté que je ne peux m'empêcher de ressentir.
Ce qui m'avait fait sourire lorsque je vis le film pour la première fois n'a pas donné à la revoyure les mêmes effets. Si l'on peut trouver matière à sourire au début, on finit par s'en lasser, une caractéristique répétitive prenant le dessus sur la fin.
M'enfin, cela permet de voir tout un tas de jeunes comédiens prometteurs (Daniel Auteuil, Thierry Lhermitte, Anémone, Christian clavier, Michel blanc) et d'y voir associer de plus aguerris, tout aussi sympathiques (Claude brasseur, Guy Marchand, Jean-Pierre Darras).
Ça ne pisse pas bien loin, ce qui peut expliquer la rareté de l'objet.