Un vaisseau s'écrase sur la Russie et sur certains de ses HLMs les plus glauques. Comme sur la pochette. Et la jeunesse prend les choses en main. Pour le meilleur et pour le pire. Des personnages plutôt équilibrés, surprenants. Et crédibles, ce qui n’arrive presque jamais dans les films d’extraterrestres. Allez savoir pourquoi.
Dur pour moi cependant d'en tirer un avis clair, quand bien même aurais-je vu la bonne version. Ce film passait aux Utopiales de Nantes pendant que sur place, probablement, je me ruinais dans l'achat d'hideux posters de science-fiction. Et dans la lecture bénévole et réjouie (on ne m'avait rien demandé cela dit) de nouvelles amateurs. Le genre de nouvelles littéraires un peu poussives au style parfois lourd, dont je me sens par conséquent bien proches.
Le film je l'ai vu derrière mes volets d'hiver, trois moi plus tard. Une version originale sous-titrée, je pense par un robot ordinaire, tel que Google Traduction. Les maladresses incessantes dans le texte (le mot-à-mot, et le russanglais) ont grandement favorisé mon immersion, aussi perturbante fut-elle.
Un ami même, qui l'avait vu lui, ponctuel, aux Utopiales (avec les bons sous-titres), n'a pas reconnu certaines scènes entières qui passèrent sur mon ordinateur... je le soupçonne d'avoir dormi dans la salle, mais quand même... sa posture a scellé en moi l'étrange impression d'observer un ovni cinématographique. C’était de bon ton.
Pour moi le cinéma russe c'est Tarkovski (et un tout petit peu Eisenstein, et un peu Kozintzev aussi, mais trop peu). Donc pour moi le cinéma russe travaille l'image (et les plans), il est tendre avec la jeunesse dans les pires moments sans lui être complaisant, et il propose juste ce qu'il faut à l'écran, parcimonieux et juste, aussi grandiose soit-il parfois, même quand chez Einsenstein il fait de la propagande.
Le blockbuster n’est plus le yaourt que l’Amérique nous a appris à aimer avec tiédeur. Il sait ici mettre en place des séquences qui marquent l'oeil à jamais. Et les oreilles. Et dans cette veine, la séquence d'intro d'Attraction, le crash, vous poursuivra plusieurs jours. Comme le fit pour moi (et le fait encore) la séquence d'intro de 28 semaines plus tard...
De véritables scènes d'ouverture millimétrées, tout en puissance, montage et en passion, à l'image du premier concerto pour piano de Tchaïkovski...
https://www.youtube.com/watch?v=ItSJ_woWnmk&t=1156s
Dur à dire cependant si la suite du film tient du nanard. De bons sous-titres m’auraient peut-être éclairé. Au risque d’être déceptifs. Et de me jeter au visage toutes les failles de l’écriture.
Je ne connais pas assez la vraie Russie pour la vanner sereinement. Mais le film nous vend l'image d'un quartier tout gris, avec des chapkas, et des jeunes au caractère trempé, forgés à l'austérité. Impulsifs. Joyeux. Excessifs parfois. Souvent. Facebookeurs. Et un peu fous. Des Mitia Karamazov en puissance.