En plus d'être le film d'un grand réalisateur, c'est aussi celui d'un homme libre. Loin des regards staliniens, deux Robinson Cruzoé échouent sur une île de la mer Caspienne.


Pour la forme, cela s'appelle encore un kolkhoze où l'on vit de la pêche, pour le fond un paradis retrouvé où l'administration s'efface, ne laisse de traces qu'un dernier tampon sur une feuille lavée par les flots...


Au bord de la Mer Bleue est de ce genre de film que vous regardez l'âme souriante du début à la fin. Souriante devant cette humanité qui ne pense qu'à l'amour et jamais au plan quinquennal, qui est pleine d'amitié et vide de toute suspicion.


L'air de rien, Barnet ouvre aussi grand les portes d'un certain cinéma moderne, celui de l'intime et de l'intériorité, de l'improvisation et des choses apparemment sans importance auxquelles il sait donner toute leur poésie vitale. Sans parler d'une certaine façon de monter... de faire apparaître: une femme dans une déferlante ou une course folle s'arrêtant brusque, un coup de poing stoppant la musique...
Godard et les autres ne s'y étaient pas trompés.


Pour ne rien gâter, la mer est filmée comme nulle part ailleurs, capable d'engloutir un soleil et de ressusciter des corps qu'on croyait perdus.


Staline n'a pas apprécié. C'est normal, il avait des goûts minables de bourgeois en matière d'art... sans parler du reste.


A travers cette histoire en triangle si particulier, Barnet lui nous offre de cet Union Soviétique déjà perdue un hymne à la liberté de ressentir, de respirer la joie comme il y en a peu au cinéma et ailleurs.

JM2LA
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le 2 oct. 2015

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JM2LA

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