L'ouverture du film nous a bien plu, avec ce petit garçon qui nous raconte son quotidien dans une Russie en pleine Guerre Froide, ancré dans une mise en scène qui oscille entre Wes Anderson (le visuel où l'on coupe tout effet de profondeur) et Taika Waititi (l'humour franchement décalé, surtout avec "Jésus" qui nous a rappelé l'ami imaginaire Hitler de Jojo Rabbit). La première partie du film se déguste, on rigole bien de la folie ambiante et on suit cette famille atypique, qui découvre les joies d'un téléviseur en couleurs (aujourd'hui, ça nous fait rire), jusqu'au moment où mère et fils partent s'installer aux États-Unis. Et là, on a comme l'impression que le film tire sur un frein invisible pour adopter une vitesse de croisière pépère, pas désagréable mais moins enthousiasmante que le démarrage pétaradant. On plonge davantage dans le dramatique avec la reconnaissance des préférences sexuelles du jeune Potatoe, on observe la détérioration du couple qui risque de coûter cher à la mère, bref on se gondole nettement moins. Sans pour autant s'ennuyer - on aime d'ailleurs un peu de drama entre deux rires - on aurait préféré que la transition se fasse plus en douceur, et ne profite pas du changement de pays pour insérer sa cassure esthétique et humoristique. De même qu'on reste un peu sur la réserve quant aux clichés sur les homos et trans qui déboulent avec leurs gros sabots à la fin (sans penser à mal, évidemment). Mais Potatoe nous aura vraiment étonné dans sa première partie ("Jésus", la mamie au caractère bien trempé...), et nous aura fait découvrir une histoire vraie originale. Sympa.