Loin de ses bases japonaises, Kiyoshi Kurosawa est capable du pire (L'épouvantable Le secret de la chambre noire) comme du pas mal du tout avec Au bout du monde, tourné en terre ouzbèke. Le film est sans cesse déconcertant, accroché aux basques de son héroïne, la fragile Yoko, aussi exubérante dans sa profession de présentatrice de documentaire TV que farouche et incapable de communiquer avec la population de Samarcande ou de Tachkent. C'est le cas d'ailleurs de toute l'équipe de tournage qui l'accompagne et qui filme à peu près n'importe quoi, du moment que cela peut paraître exotique (un lac où vit un poisson mythique mais invisible, un parc d'attractions, etc). Le sourire narquois de Kurosawa est perceptible dans les mésaventures de Yoko et de ses compatriotes et constitue l'intérêt principal d'un film qui se perd cependant parfois dans des scènes sans grand intérêt. Mais de temps à autre, le cinéaste nous rappelle que le fantastique et le magique ne sont jamais éloignés de ses préoccupations (la scène finale et celle dans la salle de théâtre). Quelques passages sont des moments de pure poésie et émeuvent comme quand Yoko entonne L'hymne à l'amour en version japonaise. L'humeur d'Au bout du monde peut faire penser un bref instant à Lost in Translation mais le film s'en éloigne par des chemins narratifs qui peuvent sembler hasardeux et anecdotiques mais qui lui confèrent un charme inattendu pour peu qu'on se laisse entraîner dans ce voyage entre rêverie et réalité. Quant à savoir si le gros poisson ouzbek existe vraiment ...

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le 27 oct. 2019

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