Au bar-tabac Le Clémenceau, c’est une grande famille qui vient s’y retrouver chaque jour pour boire un “p’tit jaune” ou pour tenter sa chance aux jeux de grattage. Pendant près de 20 ans, il aura été un lieu de rencontres et d’échanges comme on en voit dans tous les troquets de France. Le réalisateur Xavier Gayan est venu filmer le quotidien de ces hommes (et des rares femmes) qui viennent tromper l’ennui et/ou leur solitude, et refont le monde en parlant de tout et de rien.
6 mois après Atlantic Bar (2023) de Fanny Molins, c’est un autre documentaire qui vient mettre en lumière les habitués d’un bar PMU et son gérant. Derrière son zinc, Georges nous raconte son quotidien et comment il en est venu à se retrouver derrière le comptoir (initialement, le bar avait été acheté pour sa fille Neige).
Gérard, Choukri ou encore l'Alsacien viennent au Clemenceau chaque jour, comme un rituel, ils s’y retrouvent entre copains, « c'est la famille » comme ils aiment le rappeler. On y parle de politique, du racisme, du pouvoir d’achat et de la vie au quotidien mais pas seulement, les gilets jaunes sont aussi à l’ordre du jour (le tournage ayant eu lieu en 2019). Sans surprise, les femmes sont sous-représentées, il n’y a que des hommes (ou presque), accros à l'alcool, addicts aux jeux d'argent, chômeurs, salariés, handicapés, …
« Les gens sont beaux. Si on creuse un peu, les gens sont supers beaux »
On assiste à diverses conversations et parfois à des dialogues de sourds entre 2 buveurs qui tiennent le comptoir dont l'un est complètement torché. Les discussions s’enchaînent et s’avèrent très intéressantes, notamment entre un pro et un anti FN ou lorsqu’un tunisien aviné dit haut et fort qu'il "baise la France" et se plaint de sa situation parce qu’il n'a aucun droit sur le territoire français (alors son compère vient lui rappeler qu'il ne devrait pas dénigrer le pays qui l'accueille et qui lui verse le RSA alors que son pays d'origine le laisserait sans-le-sou).
Les portraits sont divers et variés, certains vivent dans la rue, d’autres ont connu l’hôpital psychiatrique. On y croise même un étudiant venu réviser ses cours (qui nous délivre un discours touchant), ainsi qu’un type perché et sous Valium (qui dit avoir vu Jésus).
Ce film vient prendre le pouls de la France d’en bas, de ces petites gens que l’on ne veut plus voir ou dont on parle peu. L’avenue Georges Clemenceau à Saint-Raphaël est désormais orpheline (le bar n’existe plus, il a été rasé).
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