Au Cœur des Ombres
7.6
Au Cœur des Ombres

Court-métrage d'animation de Mónica Santos et Alice Guimarães (2018)

Après cinq minutes de film, un mot m’est venu à l’esprit : trésor. Ce court-métrage est un bijou d’imagination, de beauté et de poésie. La première chose frappante, c’est la myriade de détails qui participent à façonner le cadre du monde dans lequel a lieu l’action, et chacun d’entre eux est une délicieuse trouvaille dont le spectateur se délecte : un homme avec un abat-jour en guise de tête, une fleur de costume dont les pétales peuvent former n’importe quel objet, des coeurs que l’on peut sortir de son corps grâce à une clé qu’on conserve dans son gosier… À chaque seconde, un élément plus ou moins secondaire dans l’histoire se permet une fantaisie et décline l’imagination des réalisatrices, aboutissant à treize minutes de régal durant lesquelles tout un univers à la Tim Burton se met en place, pour notre plus grand émerveillement.
L’animation très particulière, en quelque sorte à moitié figée où les mouvements ne sont volontairement pas fluides et où les matières et les textures évoluent par à-coup, souvent de manière irrationnelle, renforce cet onirisme : le spectateur est dans un rêve, où rien n’est cohérent et où tout est surprenant. Ce rêve est magnifique, grâce donc à son univers mais aussi à un très beau noir et blanc et à une envoûtante héroïne. Ce noir et blanc sert aussi à renforcer une des démarches du film, qui est clairement le clin d’oeil aux traditionnels films noirs, dont il pastiche affectueusement de nombreuses scènes-type : rendez-vous amoureux en cavale à l’hôtel, combat dans un tunnel entre poursuivants et poursuivis, larcin dans une banque, filature, trahison…
Enfin, une scène est particulièrement originale : la scène « de sexe » entre les amants en cavale. Fidèle à l’animation si étonnante du film, elle donne lieu à un ballet de textures où les corps se mélangent littéralement, entre eux mais aussi et surtout avec le lit, qui les engloutit et les recrache inlassablement, comme l’écume émergeant des vagues puis s’effaçant. Je ne pensais pas trouver dans un court-métrage ce qui est déjà une de mes scènes d’amour au cinéma préférées. Entre hommage délicat et univers propre, Entre Sombras est donc une merveille de court-métrage d’animation.
clownatorus
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le 19 sept. 2020

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