Je connais pas bien Chabrol, je dois le reconnaître, mais j'ai toujours eu une certaine appréhension lorsqu'il s'agit de m'attaquer à un cinéaste français reconnu que je sens que je ne vais pas apprécier...
Et ce film me donne vraiment pas envie de m'y mettre. Sous prétexte d'une analyse (très fine au demeurant) de la bourgeoisie, comme à son habitude, à ce qu'il paraît (et franchement, j'ai l'impression qu'on parle que de ça quand on parle de lui), Chabrol nous sert un film plat et mal fichu.
Je ne m'attarderais pas sur un montage dont le but à mon avis est de soutenir une impression de "réalisme", mais qui ne réussit qu'à transformer ce film en téléfilm monté à la truelle. Et je dirais que ceci est compensé largement par l'excellence de jeu de Gamblin, et la relative aisance dans son rôle de DeCaunes.
Passons donc aux éléments qui font que ce film n'atteigne pas la moyenne pour moi.
Déjà, Chabrol choisit un sujet casse-gueule, car populo. Le viol d'une gamine, c'est tellement facile comme ficelle... Alors ici, ok, c'est relativement bien traité dans l'ensemble, avec une ambiance certes délétère, mais qui ne se montre jamais, se cachant dans chaque regard et chaque dialogue. Mais Chabrol n'arrive pas à en éviter les pièges.
SPOIL :
Voulant aller au bout de son propos, il fait de son personnage principal, le seul auquel on arrive un tant soit peu à s'attacher, un exemple de plus de désaxé. Au lieu de le placer sur un piédestal, il finit par le rabaisser au même niveau que la chienlit, en le faisant tuer le connard de service, sans même avoir le motif réel de la vengeance, ce qui a au moins le mérite de ne pas venir alourdir encore le pathos de la chose.
Surtout, il y a ces nombreux seconds rôles, surtout féminins, des plus agaçants. Sandrine Bonnaire est celle qui s'en sort le mieux, mais cela ne veut pas dire qu'elle s'en sorte bien en soit. Quand à Valérie Bruni, pas aidée par un rôle tellement ingrat, son jeu ne fait qu'enfoncer encore ce personnage rendu banal par trop de réalisme.
En fait, Chabrol réussi tellement bien sa démonstration, que l'ensemble du film en devient paradoxalement pesant, fade et rebutant. Ou comment faire un film de dépressif avec toute la meilleure volonté du monde. Peut-être parce que Chabrol critique quelque chose qu'il ne semble que trop bien connaître...