S'assoupir et non mourir d'ennui...
Comme dans la grande majorité de ses derniers films, que ce soit l'émouvant Million Dollars Baby ou le non moins appréciable quoique plus ancien Sur la route de Madison, Clint Eastwood verse à nouveau dans le pathos avec son Hereafter. Avouons-le d'entrée de jeu, cette fois ci le réalisateur multi-oscarisé se frotte à cet exercice avec beaucoup moins de réussite. Que reprocher à ce film basé sur le scénario de Peter Morgan ? Tout d'abord les hésitations du cinéaste quant à la direction qu'il veut prendre avec son sujet, une manière de tourner en rond, autour de l'objet sans savoir qu'en faire. Ce défaut confère à certaines scènes quelques longueurs qui, si elles ne gâtent pas trop le film, les autres qualités de l'œuvre offrant une contrepartie suffisante, par contre constituent ensemble un obstacle de taille pour l’essor d’une trame dramatique qui à elle toute seule aurait pu élever le film au – delà des bornes qu’un classicisme hollywoodien un tantinet mièvre semble circonscrire aux dernières productions eastwoodiennes. « Au-delà » n’est pas dépourvu de qualité. En témoigne la maîtrise du rythme dont fait encore montre Clint Eastwood notamment dans la scène où Matt Damon invite chez lui pour la première fois sa partenaire au stage de cuisine italienne. D’un bout à l’autre de la scène, on assiste à un glissement de terrain, à un renversement de pôle, à l’instant où le couple semble vivre les premières heures innocentes de leurs relations jusqu’à la séance de voyance improvisé venant répondre à l’insistante demande de la jeune femme interprétée par Bryce Dallas Howard. Nous apprenons au final que son père trépassé aurait réalisé des attouchements sur sa fille, cette dernière ne pouvant supporter la honte que lui cause une telle révélation s’en va précipitamment de l’appartement du médium interprété par M.Dammon pour ne plus jamais y mettre les pied. Ce sera leur dernière entrevue. Le héros replonge dans sa solitude. Nous, effleurons à peine le filon qu’Eastwood aurait pu exploiter à fond avec le talent qu’on lui connait pour nous rendre cette histoire plus bouleversante. Celle d’un homme frappé par ce don/malédiction, tentant de vivre une vie normal, constamment à la promiscuité d’une mort dont il connait quasiment tous les secrets…Mais non, son orientation est autre et ne sera pas pour déplaire quelques membres de la gente féminine dans le publique, sans révéler la fin du film qui pour ma part ma déconcerté tant par sa mièvrerie que par son élusive simplicité. Sans être « génialissime » dans leur rôle respectif, les acteurs et actrices se contentent d’être corrects. Le film en fait autant et tout en courant le risque de décevoir les plus intransigeants adeptes du travail eastwoodien, ravira la grande majorité des dilettantes.