Au-delà par Film Exposure
Considéré comme maladroit ou paresseux par les uns, comme un joyau de sensibilité par les autres ; à sa sortie en salle, le dernier Clint Eastwood était loin d'avoir suscité l'enthousiasme d'un « Mystic River » ou d'un « Gran Torino ». Il s'est même vu infliger une note incroyablement basse sur notre site. A l'occasion de sa sortie en DVD, la parole est à la défense.
Ne vous fiez pas aux apparences, « Au-delà » n'a presque rien d'un film fantastique. Peu intéressé par la question de la vie après la mort, Eastwood se sert du sujet pour questionner les vivants dans leur relation avec cette dernière. Selon le principe du film choral le spectateur navigue entre St-Francisco, Londres et Paris en suivant trois personnages qui incarnent la difficulté d'exister après avoir tutoyé la mort.
Certes, certains dialogues de la partie parisienne sont parfois maladroits, mais cela relève du détail face à la beauté des deux autres volets. Le personnage de Matt Damon (qui tient ici le meilleur rôle de sa carrière) vaut à lui seul le détour. Traitée avec une infinie sensibilité, la reconstruction sociale de ce medium est bouleversante. Capable d'entrer en communication avec les morts, son don se transforme en malédiction, l'obligeant à vivre seul.
A 81 ans, Eastwood nous pose une question fondamentale au travers de ses trois histoires, celle du « comment vivre sans ». Loin d'être un Clint mineur, « Au-delà » est une œuvre intelligente, un film à fleur de peau où la mise en scène s'efface devant la subtilité de l'émotion qui ne rime jamais avec mièvrerie.
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