Souvenirs de soirée : quand Marthe Villalonga a tenté de pécho Lee Marvin (et autres curiosités...)

La soirée commençait pourtant bien. Sam Fuller en maître de cérémonie, vieux vétéran de tous les débarquements légendaires de la WW2, le genre de type buriné qui en impose par les épais voiles de fumée qu'il dégage à chacune de ses bouffées de cigare, le genre de cinéaste qui par son seul charisme va te viriliser la pellicule bien comme il faut. Bref un mec qui a des couilles.


Après t'as Lee qui est arrivé. Marvin. Lee Marvin. Plus connu pour les fans de BD franco-belges comme le Général Carrington dans la Saga XIII. Grosses burnes lui aussi. Putain ça commençait à puer le fauve à ce moment-là, tant de masculinité réunie au même endroit, on est rarement habitué.
Lee Marvin tu sens cash que ça va pas rigoler, et d'ailleurs à chaque fois qu'il se met à vaguement sourire, faut se méfier qu'il t'allonge pas dans la seconde, avec un coup Conversano-Soralien bien placé dans ta petite gueule de zoulette.
Coup de front de Lee Marvin en uppercut, tu décolles, cash.


Bref sur le bingo film testament/chef d'oeuvre/film somme/patron/taulier/intouchable, on est bien là, je coche toutes les cases.
J'étais putain de chaud sur le dance floor, tant de testostérone au m², tu te sens plus.
Après j'ai déconné.


Je suis pas fait pour me bourrer la gueule ou encore moins me droguer.
J'ai abusé sur le sky. Au bout du 3ème je commençais déjà à voir trouble, et c'était avant qu'on me file une bouteille entière de pinard.
Faut que je vous avoue un truc, dans le milieu j'ai plutôt une réputation de bleu bite.


Et c'est là que ça a commencé à déconner plein tubes, sur une plage nord-africaine j'ai vu un général ou un sergent français je sais plus bien, qui commençait à débiter des répliques comme un gros gogole à un point tel qu'on aurait cru une sorte d'ersatz de sketch des nuls, et qui a fini par mimer sa propre mort avec autant de sérieux que les légionnaires dans la Bandera de Duvivier. Simple accident industriel me disais-je, les choses vont rentrer dans le rang tranquillement, on est dans de bonnes mains quoiqu'il arrive.


J'en étais à mon 5ème sky, ça devait être pour ça que je pigeais strictement rien aux dramatiques batailles qui se jouaient sinistrement sous mes yeux ahuris du type qui a déjà dépassé son seuil de tolérance aux substances douteuses.


Puis là c'est parti en couilles. Lee a complètement déraillé, le pauvre vieux.
Après s'être fait mitrailler en plein bide au cours d'une bataille insipide, il s'est réveillé dans un hospice hostile, prêt à tourner un porno gay avec un médecin à l'accent autrichien. A ce moment-là j'ai compris qu'un truc ne pouvait décidément pas tourner rond dans cette affaire, et qu'il y avait sûrement une arnaque quelque part, un truc qu'on m'avait pas dit.


Mais je me doutais pas que j'étais encore bien loin d'être au bout de mes surprises, quand de rage Lee a soudainement balancé le compère qui l'embrassait langoureusement, pour décider avec autorité de se déguiser en Bédouin Lawrence d'Arabie. Là j'avoue, après quelques légitimes instants de perplexité, tout le monde a éclaté de rire et s'est foutu de sa gueule.


Et puis Lee a retrouvé ses potes de régiment qui étaient sur le champ de bataille comme lui, et qui devaient jouer au freesby sur une plage à 5 mètres de là où Lee s'était réveillé, ce qui tombait drôlement bien.


Après on rentre dans la phase obscure de mes souvenirs, ce moment où j'ai compris que ça n'avait plus aucune utilité de tenter de garder le contrôle, ce moment où j'avais besoin d'évacuer mes 5 premiers sky alors que j'en étais au 10ème, j'ai donc décidé de rejoindre le régiment des saoulards qui faisaient la queue pour les toilettes, c'est devenu très flou mais je me souviens avoir vu des trucs bien sales. Un guignol faisait le con avec un poulpe qu'il avait badigeonné de sauce Heinz et que tout le monde insultait pour son odieux mauvais goût.
Et truc de ouf, j'ai aussi vu Luke Skywalker qui se tapait Stéphane Audran pendant que Claude Chabrol avait le dos tourné. Indécent je vous dis.


Mais le plus triste, le ponpon final, c'est quand Marthe "Bonnemine" Villalonga a tenté de faire du gringue au pauvre Lee complètement au bout du rouleau après une soirée aussi lamentable, tu m'étonnes John.


Et le clou du spectacle, c'est lorsque le vieux Sam est réapparu alors qu'il nous avait laissé tout du long nous enliser dans le grand n'importe quoi pour nous achever avec un bon vieux point Godwin des familles en mode tonton relou du réveillon.


J'ai fini dans mon vomi. Soirée de merde, je me laisserai plus abuser par les étiquettes bon sang de bonsoir.

KingRabbit
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le 28 déc. 2016

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