Au-delà des collines par Patrick Braganti
Tandis qu'a peu près tout le monde s'ébaubit sur la mise en scène, la direction d'acteurs de Cristian Mungiu, j'avoue ma difficulté croissante à voir les films du nouveau génie roumain. Son précédent opus m'avait déjà posé problème. Celui-ci m'a mis KO et j'ai déclaré forfait au bout d'une heure, épuisé d'ennui et d'inintérêt. Je ne suis jamais parvenu à rentrer dans cette histoire tant le réalisateur ne nous laisse aucune place, préoccupé de dérouler ses scènes dirigées et orchestrées à un tel niveau de perfection et de prétention (regardez-moi comme je suis virtuose et bourré de talent) qu'il fait justement naître la lassitude. Mais le plus gros écueil du film, c'est son absence totale de point de vue, laissant dans un flou très gênant la position finale de Mungiu dont on serait bien en peine de dire ce qu'il pense de tout cela. En dépit d'un formalisme évident, c'est étrangement l'idée de platitude qui ressortit de l'ensemble. Le film est extrêmement bavard, enchaine les scènes sans respiration ni recul, ce qui est un contresens en regard du sujet. Pas de quoi non plus s'extasier sur le jeu plat et répétitif des deux comédiennes récompensées à Cannes. Cristian Mungiu est bien à ranger dans la catégorie des petits malins roublards, gonflés et aveuglés de leur importance, participant à la définition d'une nouvelle esthétique mondialisée et formatée, qui confine ici à la vacuité.