Au dessous du volcan
Je me suis ennuyé. Ce qui pouvait arriver à ce personnage d'alcoolo neurasthénique n'a jamais eu l'heur d'éveiller en moi le moindre intérêt.

Pendant un temps, je me suis demandé à quelle sauve j'allais être mangé : qu'est-ce que John Huston veut nous raconter? Ça parait d'abord très confus, puis, peu à peu, les éléments de l'histoire trouvent leur place. L'on voit se dessiner un conte romantique noir, un peu trop banal à mon goût et sur le final presque grotesque, hystérique en tout cas. A la fin des années 30, un ancien consul britannique s'auto-détruit à la bibine dans un bled paumé du Mexique après avoir divorcé de sa blonde dont il est toujours éperdument amoureux. V'la t-y pas qu'elle ramène sa fraise!

Pourquoi? On ne comprend pas trop ce qu'une belle et douce femme fait avec cette vieille loque bedonnante et beuglante. Jacqueline Bisset est une actrice que j'aime beaucoup, mais c'est ici une erreur de casting patente. Il aurait fallu une femme plus... abîmée par le temps, par les fourvoiements de la vie. Elle est ici trop propre. Il lui manque des cicatrices, des rides.

Albert Finney, le pauvre, se coltine un rôle extrêmement difficile, jouant un type beurré en continu. Tâche ô combien casse-gueule qu'il accomplit avec justesse la plupart du temps, mais malheureusement il rate quelques secondes ici ou là. Quelques excès grimaçants sont à déplorer. Il en fait parfois un peu trop. Toutefois, ce n'est pas l'acteur qui déplait, mais bel et bien le personnage. Je n'ai aucune espèce de début de commencement d'apitoiement pour ce genre d'individu qui passe son temps à chialer son existence et à s'auto-flageller le foie jusqu'à la mort, figure romantico-tragique qui me broute d'importance. Je baille.

Or, tout le film repose sur cette fâcheuse idée. Comment pourrais-je aimer ce film? Impossible. Peut-être même que l'histoire voudrait nous faire accroire que le monde de l'entre-deux-guerres serait à l'agonie à l'image de cet européen décadent? Ce qui serait pour le moins navrant.

Pour bien enfoncer le clou on a droit à un final grandiloquent. Dans un paroxysme lourdaud qui finit par faire rire, les effets dramaturgiques semblent s'accumuler sans grâce pour former un gros tas indigeste.

Il y avait cependant quelque chose qui paraissait très hustonien et qui aurait pu m'intéresser, c'était cette atmosphère mexicaine, poisseuse, notamment grâce à des décors exotiques. Malheureusement, la photographie de Gabriel Figueroa est parfois baveuse, ce qui a le don de m'horripiler. S'il y a bien une photo que je trouve irregardable, c'est bien cette photo qui était si souvent utilisée entre la fin des années 70 et le début des années 80, floue, embrumée à outrance et qui était censée décrire cette espèce de trouble.

Ici John Huston parvient à convoquer de vieilles images, à faire songer à son trésor de la Sierra Madre, à la flamboyance violente d'un Hemingway mais malheureusement, ça ne suffit pas pour moi.
Alligator
4
Écrit par

Créée

le 10 sept. 2013

Critique lue 697 fois

4 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 697 fois

4

D'autres avis sur Au-dessous du volcan

Au-dessous du volcan
AMCHI
3

Critique de Au-dessous du volcan par AMCHI

Si j'adore certains films de John Huston (son merveilleux L'Homme qui voulût être roi est tout simplement un des mes 10 films préférés) d'autres de ses films me déçoivent. Dans le cas d'Au-dessous...

le 23 avr. 2017

4 j'aime

Au-dessous du volcan
Alligator
4

Critique de Au-dessous du volcan par Alligator

Au dessous du volcan Je me suis ennuyé. Ce qui pouvait arriver à ce personnage d'alcoolo neurasthénique n'a jamais eu l'heur d'éveiller en moi le moindre intérêt. Pendant un temps, je me suis demandé...

le 10 sept. 2013

4 j'aime

Au-dessous du volcan
EricDebarnot
8

Une adaptation fascinante

John Huston réussit contre toute attente (n'étant pas le plus fin des réalisateurs, en général) une adaptation fascinante d'une partie raisonnable du chef d’œuvre infilmable (et difficilement...

le 14 janv. 2017

3 j'aime

Du même critique

Cuisine et Dépendances
Alligator
9

Critique de Cuisine et Dépendances par Alligator

Pendant très longtemps, j'ai débordé d'enthousiasme pour ce film. J'ai toujours beaucoup d'estime pour lui. Mais je crois savoir ce qui m'a tellement plu jadis et qui, aujourd'hui, paraît un peu plus...

le 22 juin 2015

55 j'aime

3

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16