Pietro Germi demeure de ces réalisateurs intéressants, surfant sur les modes d’alors quoique toujours avec un peu de retard, jamais avant-gardiste ni vraiment original, pas assez créatif en fait, d’un discours se voulant certes assez nouveau mais généralement trop convenu, et dont les œuvres contiennent presque toujours des défauts suffisamment saillants pour en ternir l’éclat, à l’image de Jeunesse perdue, Ces messieurs dames ou encore Divorce à l’italienne. C’est justement ce qui peut lui être reproché dans Au nom de la loi.
En effet, si l’acharnement moral du juge, du côté de qui penche évidemment Germi, est un plaidoyer pour la Justice et contre la Mafia, fléau qui gangrène déjà une Sicile exsangue, ce qui donne une valeur morale louable au film, on peine cependant à y trouver un élan porteur, un verbe enthousiaste, une fraîcheur d’idées, une mise en scène osée capable de contaminer non seulement la population mais surtout le spectateur – ce dont Germi avait été capable dans Le disque rouge mais aussi Séduite et abandonnée.
Il n’y a guère que la dernière scène, avec cette harangue prononcée devant une population d’abord médusée puis convaincue, qui transcende. Néanmoins, la réaction qui s’en suit est certes optimiste mais improbable – en fait au regard de l’Histoire, totalement invraisemblable.
Un film qui compte pour la valeur documentaire, proche d’un néo-réalisme rappelant vaguement La terre tremble de Visconti, et pour le voyage social dans cette terre aride gorgée du sang de la vengeance.