Troisième long-métrage de Alejandra Marquez Abella, El norte sobre el vacío a quelque chose de crépusculaire, la fin de l'âge d'or d'un patriarche à la tête de son ranch. Le film est un véritable western, situé au nord du Mexique, mais aussi un portrait de groupe familial d'où émerge la figure de cet homme vieillissant, ancien chasseur émérite, qui n'a pas compris que l'époque avait changé. Celle de la masculinité triomphante a aussi fait son temps, semble dire un scénario qui s'est inspiré d'une histoire réelle pour s'en éloigner, tout du moins dans ses questionnements. A qui appartient vraiment la terre ? La question se pose aussi de manière sous-jacente, dans une région où la population indigène a subi un génocide. Au-delà de son aspect de tragédie antique annoncée, El norte sobre el vacío se révèle dense, parfois intense, mais d'une durée sans doute excessive. De nombreux plans montrent à intervalles réguliers une multitude d'animaux comme stupéfaits par le spectacle ridicule offert par les humains qui les entourent. Après Las niñas bien (La bonne réputation), que d'aucuns ont trouvé à tort un brin superficiel, Alejandra Marquez Abella montre qu'elle est capable de s'adapter et de s'épanouir, dans des thématiques bien différentes. Pour l'anecdote, lorsque Gabriel Nuncio lui a fait lire la première mouture de son scénario, la réalisatrice lui a répondu : "je le déteste mais j'ai très envie de le faire"