Pagnolade Parisienne
Le cinéma français atteint aujourd'hui un tel abîme de nullité sur tous les plans que beaucoup de gens sont amenés à déterrer les films d'antan dans l'espoir de passer un moment moins attroce. Ils...
le 30 nov. 2024
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Le cinéma français atteint aujourd'hui un tel abîme de nullité sur tous les plans que beaucoup de gens sont amenés à déterrer les films d'antan dans l'espoir de passer un moment moins attroce. Ils découvrent émerveillés que la plus inepte vieillerie peut désormais faire figure de masterclass virtuose.
C'est le cas de cette ravissante production avec un Robert Dalban superbe - quel plaisir de le voir dans un rôle important!
La prémisse du film est de faire le tableau pittoresque du petit monde qui gravite autour du comptoir d'un café, à travers bribes d'histoires de visiteurs et bonheurs et malheurs d'habitués, en faisant chanter à tous ces personnages le langage de la rue. L'écho des événements extérieurs retentit à l'intérieur du bistrot, et au final , la vie n'est jamais prise trop au sérieux
Le casting autour de Robert Dalban est honnête : bien que ces acteurs de second ordre n'aient pas l'acabit des monstres sacrés de l'époque , ils jouent tous tellement mieux que les cadors d'aujourd'hui que le spectateur en sort gagnant.
Le dialogue n'est pas du niveau d'un Audiard , mais est agreable et engageant - juste un peu terne , car il y avait là une occasion de rendre un hommage brillant à l'argot parisien de quartier, ce que le dialoguiste n'a pas réussi à faire. Mais encore une fois, si l' on compare à ce qui s' écrit de mieux aujourd'hui, c'est du millésime.
Quant à Grangier, il fait du bon travail comme d'habitude et parvient à donner vie à ce petit bistrot parisien, seul décor du film.
Mais malgré ces atouts, le film souffre (encore et toujours) par le scénario qui ne parvient pas à tenir sa proposition de départ jusqu'au bout. Biensur, il aurait ete trop exigeant d'attendre de ces auteurs la tendresse d'un Pagnol ou la causticité d'un Audiard; et ils s'en sortent d'ailleurs très honorablement vu le calibre de leur talent, mais jusqu'au troisième acte seulement. C'est alors que dans une tentative maladroite de boucler leur histoire , ils se jettent soudain dans un psychodrame insipide au travers une imitation du style Carné-Prévert qui non seulement est complètement cruche, mais n'a plus rien à voir avec le reste du film. Resultat, ces auteurs ne parvenant pas a délivrer le potentiel de leur charmante prémisse, finissent par l'oublier completement, un comble.
En conclusion, voilà une petite œuvrette méconnue qui fut probablement très banale à l' époque, mais est aujourd'hui fort plaisante à regarder jusqu'au climax du deuxième acte. Après quoi, le film s'écroule d'un coup d'un seul et redevient une vieillerie terriblement datée et oubliée à juste titre.
Créée
le 30 nov. 2024
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