Il y aurait actuellement autour de 5 millions de réfugiés afghans en Iran. Même s'ils parlent la même langue que les habitants de leur pays d'adoption, ils n'en sont pas moins, la plupart du temps, que des citoyens de seconde zone, susceptibles d'être expulsés, pour des raisons plus ou moins sérieuses. Ce sont eux qui sont au premier plan dans Au pays de nos frères, premier long métrage de Raha Amirfazli et Alireza Ghasemi. Les réalisateurs ont habilement choisi de raconter trois histoires situées chacune au début d'une des décennies de ce siècle. Si les films à "sketches" se caractérisent assez souvent par leur intérêt inégal, ce n'est pas le cas ici, dans un triptyque qui varie les situations et les personnages pour, au final, dégager une impression homogène de mépris, voire de racisme, de la part de la population née en Iran vis-à-vis de ces "frères" néanmoins étrangers. Aucun excès, pas plus mélodramatique que outrancier, n'est à déplorer dans un film qui montre une grande tendresse pour ses personnages aux abois, soumis à un certain arbitraire, et obligés de composer en fonction, y compris par le mensonge, quand cela est vital. Le cinéma de Amirfazli et de Ghasemi n'a certes pas la puissance de celui d'un Mohammad Rasoulof, par exemple, mais leur maîtrise narrative et la douceur trompeuse de leur mise en scène se révèlent parfaitement adaptées au type d'histoires, édifiantes, pour lesquelles ils ont opté.