Le texte est le premier amour de Dupieux, c’est ce vers quoi il revient ici. Pour cela pas besoin de grands décors et d'une histoire compliquée. Son film s'ouvre sur de la musique classique jouée en pleine nature, deux choses qu'a en horreur le commissaire de buffet froid. Ce n'est surement pas un hasard si ces éléments font penser au cinéma de Betrand Blier. On voit d'ailleurs au début d'au poste un car de police des années 80, comme on peut en voir dans buffet froid, ou encore des décors ressemblants à ces films de ces années. Mais nous ne sommes pas en 80, ni chez Blier mais bien chez Dupieux. Et on y retrouve ce qui fait son cinéma, c'est à dire un énorme sens de l'absurde. Il faut dire que Dupieux sait débusquer chez l'humain toute l'absurdité qu'il déroule au quotidien.
Cette histoire d’interrogatoire démarre en trombe, elle est follement drôle pendant les 25 premières minutes, mais par la suite Dupieux n'arrive pas à garder son rythme de comédie. Ses scènes oscillent entre humour vraiment tordant et les choses en trop. Comme par exemple avec la scène dans laquelle une femme arrête le commissaire entre deux couloirs, pour lui demander son avis sur une photo de scène de crime. Dans l'extrait disponible sur le net la scène est grandement coupée, mais elle est bien plus efficace qu'elle ne l'est dans le film, il y a d'autres choses du même ordre avec les c'est pour ça, qui sont pour certains bien plus drôles dans la bande annonce qu'ils ne le sont dans le film. Il est regrettable que le ton humoristique d'au poste ne soit pas tenu d'un bout à l'autre avec la même rigueur.
Dupieux insère aussi ses scènes étranges entre la rêverie et une réalité qui font que l'on ne sait plus si on se trouve dans l'histoire du film ou dans le rêve de l'un des personnages. Si dans d'autres films de Dupieux c'est bien imbriqué, dans celui ci ça ne fonctionne qu'à moitié. Esthétiquement ces scènes ont une vraie cassure avec le reste du film qui se passe dans le bureau d'un commissariat. Comme les personnages le disent la première partie du film est bonne et l'autre poussive, ici ce n'est pas poussif mais certains passages sont nettement en dessous du reste. On passe de trucs vraiment bons à des choses presque minables, si fort heureusement les mauvaises choses sont assez brèves elles pénalisent tout de même grandement le film.
Dupieux fait tout tout seul, c'est un atout et peut être bien aussi son principal défaut, car il n'y a pas un monteur pour lui dire il serait peut être bien de monter ça autrement ou de le couper. Poelvoorde le roi du mauvais choix de comédies (il est toujours à l'affiche de mauvaises comédies) retrouve enfin un rôle comique drôle, Marc Fraize est lui aussi très drôle il l'est bien plus que dans problèmos, et il est presque dommage de ne pas l'avoir plus à l'écran. Ludig est bien, tout comme Philippe Duquesne que l'on regrette de ne pas voir plus. Anaïs Demoustier est moins amusante que la bande annonce le laissait croire, enfin tout cette bande arrive à rendre au poste vraiment amusant, mais même si le film dure 1h12 certains passages sont tout de même en dessous du reste. La fin est étrange mais c'est le style Dupieux donc ça ne surprend pas que son histoire prenne un autre chemin que celui attendu. Mais on se demande tout de même s'il ne règle pas quelques comptes ou s'il anticipe l'avis des critiques sur son film? C'est pour ça que l'on se le demande.