Je ne connais pas vraiment le cinéma de Dupieux. La seule de ses créations que j'avais vu jusque-là c'était un de ses premiers cours-métrage : le fameux « NON-FILM » que j'ai connu grâce à la « non-série ». J'ai cependant toujours été très intrigué par sa filmographie, notamment parce qu'il a bien mérité sa réputation d'ovni. Je parle encore une fois en non-connaissance de cause mais il me semble que ses films transcendent vraiment l'humour absurde. J'ai donc sauté sur l'occasion de voir « Au Poste ». D'autant plus qu'on m'avait dit qu'il était beaucoup plus accessible que ses autres long-métrages. Je me suis donc retrouvé dans mon ciné, à attendre que la salle se libère en regardant sur les petits écrans noir et blanc la fin de « Dogman »....ça avait l'air nettement moins drôle que ce que je m’apprêtais à voir.
« Au poste » est un huit-clos, se déroulant dans un poste de Police pendant la nuit. On y suit la conversation entre un commissaire ( Benoit Poelvoorde ) et un suspect ( Grégoire Ludig ). Ce dernier à été le témoin d'un meurtre. Le commissaire va alors réinterroger le suspect afin d'obtenir plus d'informations. Et à partir de là tout et rien vont se produire à la fois.
Commençons par enfoncer des portes ouvertes. Oui, c'est très drôle, genre ouaaaaah comment c'est drôle. Je ne m'attendais pas à une tel avalanche de gags, qui nous fais bien comprendre que la rigolade est quand même le principale but du film. Ce qui parfois m'a déstabilisé sachant que le le long-métrage prend peu à peu l’allure d'un film à sketch. Ce qui fait que j'ai eu à la fin plus l’impression que le film à décidé de s’arrêter simplement parce qu’il était arrivé à cour de vanne ( ce qui peut en soit être considéré comme un bon point, c'est très énervant de voir un film augmenter artificiellement sa longueur alors qu'il n'a plus rien à montrer ). Mais si j'aime à ce point le film c'est plus parce que son humour ne sert pas qu'à faire rire. À la manière de « Michael Ellis » mon épisode préféré du « Monthy Python's Flying Circus » l'humour du film réussi à force de gags absurde à créer un univers cohérent. Un univers certes absurde mais dont la bizarrerie ne paraît pas si incroyable aux personnages. Dupieux a réussi à créer une sorte de dimension parallèle. Une version distordue de notre réalité dans laquelle on croque les huîtres à pleine dent ou dans laquelle la phrase « C'est pour ça » est une dangereuse maladie contagieuse. Au final l'ambiance très singulière et au final très attachante du film est ce qui m'a le plus happé.
J'ai trouvé tous les acteurs très bon, et les deux acteurs principaux avait une véritable alchimie ( surtout vers la fin du film ) qui n'a pas manqué de me faire rire. C'est quelque chose sur lequel Dupieux à beaucoup insisté, le film repose beaucoup sur les dialogues et donc le jeu des comédiens. La réal est très particulière et à servie à renforcer l'ambiance que j'évoquais plus haut. La qualité et l'éclat de l'image ( le film est très « lumineux ».... si je puis dire ) ont au final rendus des plans que j'ai trouvé très beaux ( surtout ceux se passant dans la chambre et en dessous de l'appartement du témoin ). Sinon j'ai aussi beaucoup de respect pour tout les gags visuel qui on du être très dur à réaliser, la qualité des accessoires et des effets spéciaux y est pour beaucoup dans le bon fonctionnement d'un grand nombre de sketch.
Comme on pouvait s'y attendre le film aime jouer avec les attentes du spectateur ( mise en abîme obligée, comme on pouvait s'y attendre en regardant le trailer ). Mais c'est surtout la façon avec laquelle il manipule nos connaissances sur les clichés du polar qui a retenue mon attention. On a ici réuni un patchwork d'idée et de poncifs liés à ce genre. Sont alors créé plusieurs incohérences et uchronies. Le film met alors le doigt sur un paradoxe intéressant, c'est justement parce que ce décor est totalement irréaliste qu'il nous paraît véritable, grâce au fait que ces références sont bien encrées dans notre culture. Les dialogues nous suggère même cette idée au moment ou le personnage de Grégoir Ludig avoue avoir compris que la personne qu'il avait vue était morte grâce aux romans qu'il a lu.
Pour revenir sur la mise en abîme, j'ai beaucoup aimé la petite pique envoyé au langage des critiques artistique ; « Comment ça la seconde partie était poussif, il veut la couper où la pièce ? ». Je me suis fait cette réflexion plusieurs fois en lisant des critiques. Le cassage du quatrième mure est devenue quelque choses de commun pour Dupieux qui s'y est attelé dés ses premiers travaux. Si pour moi le film est important c'est car il est le premier que j'ai vu à avoir annuler sa mise en abîme. Je m'explique. Lorsque le film révèle que l'intrigue est en fait une pièce de théâtre il joue avec la rupture entre réalité et fiction d'une manière qui pourrait paraître assez banale et plutôt facile. Sauf QUE, le personnage de Ludig lui n'avait absolument aucune idée qu'il était dans une pièce de théâtre, il semble déboussolé, et atteint le comble de l’incompréhension quand le commissaire le renvoie au poste pour la nuit. Alors que le personnage pensait s'être extirpé de la fiction pour rentrer dans le réel celui ci se voit revenir dans le scénario du film. Le quatrième murs est reconstruit.
Avec tout ce bla-bla il ne faudrait pas oublier un des points les plus important du cinéma de Dupieux, à savoir le « no-reason » qui est ici bien présent. « Au poste ! » est un film fun et malin qui arrive à créé une ambiance réellement particulière ce qui lui permet de se distinguer et de rester dans les mémoires ( je crois ). Je vois pas ce que je pourrait lui demander de plus. En plus c'est vrai que le film est carrément accessible ( y avait carrément des tout petits à ma séances ). Bref c'est cool.