Regarder un film de Quentin Dupieux, c'est accepter de partir pour un voyage dans l'inconnu, une épopée humaine hors du commun, emprunter une route à l'aveugle. Toujours capable de décontenancer son spectateur, Mr. Oizo s'entoure pour son septième long-métrage de Benoît Poelvoorde et Grégoire Ludig, alors échappé du duo Palmashow, pour une intrigue sans pareille : un homme lambda est interrogé par un flic fatigué dans un commissariat.
Le pitch est simple. Sauf que ça fait déjà une heure de bobine et qu'on a pas avancé d'un iota. La force du film, c'est cette simplicité, cette audace d'écriture, ce parti-pris de proposer une histoire basique où deux hommes discutent dans une pièce, entremêlée de flashbacks racontés ou imaginés et d'autres mini-scénettes en apparence inutiles à l'histoire. Décalé, drôle voire hilarant, Au Poste! nous entraîne dans une folle aventure à la fois burlesque et intemporelle, comme un vaudeville ancien nourri aux comédies françaises des temps jadis.
Multipliant les séquences absurdes et les dialogues coupés comme un rasoir, le tout dans une ambiance très 70's, le long-métrage est une jubilatoire comédie unique en son genre, qui ne peut forcément pas plaire à tout le monde mais qui rassasiera sans peine aucune les fans de son auteur et les amateurs de curiosités filmiques. Un nouvel OFNI au palmarès de Dupieux, encore une fois aussi différent qu'intimement proche de ses précédentes œuvres. Une perle.