Survivant miraculeux du naufrage épique (et rétrospectivement injustifié) que fut Cutthroat Island, le couple Renny Harlin / Geena Davis ne baisse pas les bras et parvient à récupérer pas moins de 65 millions de dollars afin de mettre en boîte un projet de Shane Black qui attendait patiemment qu'on vienne le concrétiser.
Si l'on est loin ici de la puissance d'un Lethal Weapon, de la pertinence d'un Last Action Hero ou de la future coolitude d'un Kiss Kiss Bang Bang ou d'un The Nice Guys, on ne peut nier que l'on retrouve clairement l'univers du scénariste dans le film de Renny Harlin. Dialogues acérés (et foutrement cultes), ambiance à la fois trouble et décalée, bande originale soul et jazzy, le tout mixé à la "sauce Harlin".
Une mixture qui pourrait sembler improbable, voire indigeste, mais qui aboutit étonnamment au meilleur long-métrage de Renny Harlin, ce qui n'est pas franchement difficile il est vrai. Mais tout de même, The Long Kiss Good Night se révèle, malgré un point de départ assez con, être un très efficace actioner des familles, sortant du lot non pas grâce à ses séquences spectaculaires et fun, mais bien grâce à l'alchimie évidente du duo Geena Davis / Samuel L.Jackson, renversant les codes et les valeurs d'une façon assez jouissive, le plus badass n'étant pour une fois pas monsieur.
Certes sans grand génie, Renny Harlin fait le boulot derrière la caméra, tout entier dévoué au script de Shane Black. Si certains effets de montage ont effroyablement mal vieillis, le soin apporté à l'écriture des deux héros, et notamment celui incarné avec talent par une Geena Davis impliquée physiquement comme émotionnellement, compense largement les faiblesses d'un bon film du samedi soir qui, de toute façon, ne prétend pas à autre chose.