Au revoir les enfants par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le 20.9.2015

.

En 1944, la France est occupée et le régime de Vichy, tout prêt de s'éteindre, continue de colporter "la sale image du juif". Ceux-ci vivant dans la crainte du lendemain sont contraints de se cacher et de changer de nom afin d'avoir une chance de survie. C'est ainsi que Julien, onze ans et fils d'une famille aisée du Nord de la France, se retrouve pensionnaire dans une institution religieuse, le collège "Sainte Croix". A la rentrée du second trimestre, le Père Jean présente aux élèves trois nouveaux pensionnaires dont l'un d'entre eux, Bonnet , va se retrouver voisin de dortoir de Julien. Celui-ci, après avoir longtemps observé son camarade s'aperçoit que son nouvel ami est juif et se nomme en fait Kippelstein.

.

Un matin de janvier, suite à une dénonciation, la Gestapo investit le collège et les élèves sont réunis. dans la cour. C'est alors que le Père Jean, résistant, et les trois nouveaux élèves sont arrêtés et déportés à Auschwitz et Mauthausen.

.

Louis Malle avait déjà abordé le sujet de la collaboration dans son célèbre "Lacombe Lucien" .Toutefois, "Au revoir les enfants" est un sujet qui a touché particulièrement le réalisateur puisqu'il s'agit d'une autobiographie, celui-ci ayant vécu en partie ce terrible évènement.
C'est pourquoi on retrouve dans ce film autant de justesse dans la triste et angoissante ambiance de l'époque avec autant de sensibilité dans le propos et dans les rapports entre les personnages. L'analyse psychologique décrivant la découverte progressive par Julien de son nouveau copain, jusqu'à la découverte de son secret est très finement ciselée. En effet, Bonnet est un enfant secret, un peu hautain, mais petit à petit, une franche camaraderie va finir par se créer entre ces deux enfants au caractère et au parcours si différents.

Quant au Père Jean, il fera partie de ces prêtres résistants, oubliés et délaissés par leur hiérarchie vissée au régime de Vichy et de ce fait, complice du génocide. C'est pourquoi, à travers ces images émouvantes, on ne peut que remercier Louis Malle de nous remettre en mémoire ces héros de l'ombre qui ont accompli tant de sacrifices pour le bien et la dignité de notre humanité.
La scène d'adieu nous montrant le départ vers ce qui sera pour eux l'enfer est terrifiante de dignité et de retenue.

.

Dans la triste époque que nous vivons, ce remarquable film nous fait réfléchir sur les effets dévastateurs de la haine et du racisme à travers un fait réel et malheureusement très loin d'être isolé aujourd'hui encore.
Les formidables acteurs de ce terrible drame sont de merveilleux ambassadeurs pour ce film "terrifiant qui doit rester gravé dans toutes les mémoires. C'est pourquoi je me suis permis d'insister dans cette critique sur le dénouement de cette œuvre.

.

Ce film a obtenu :

- Césars du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original ou adaptation, meilleure photographie, meilleur son et meilleur montage.

Nomination aux Oscars 1988 pour le Meilleur Film Etranger.

.

Box-office France: 3 488 460 entrées

Ma note: 9/10

Créée

le 17 nov. 2023

Critique lue 4.1K fois

72 j'aime

17 commentaires

Critique lue 4.1K fois

72
17

D'autres avis sur Au revoir les enfants

Au revoir les enfants
takeshi29
9

Tout dire sans rien montrer ou l'anti-"Rafle" *

Un des films qui traite certainement le mieux de la Shoah sans en parler un seul instant et sans quasiment rien montrer de l'extérieur du collège. Une véritable leçon de cinéma, dont tellement de...

le 30 juin 2011

49 j'aime

9

Au revoir les enfants
Sergent_Pepper
9

Double vue ou le souvenir d’enfance.

L’enfant a souvent été l’alibi parfait pour réintroduire sans ambages ce que la pudeur, l’expérience et l’assurance nécessaire à l’image de l’adulte ont progressivement oblitéré. C’est le retour de...

le 3 avr. 2020

47 j'aime

4

Au revoir les enfants
Bapman
9

L'intelligence de la sobriété, la grâce de la retenue

Ayant notamment la volonté de voir le plus grand nombre possible de films sur le thème de la seconde guerre mondiale d'une part, et d'étudier le regard de l'enfance portée sur une époque à travers le...

le 13 oct. 2015

18 j'aime

4

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

177 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

170 j'aime

35

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

158 j'aime

47