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Au Royaume des Singes, c'est avant tout de très jolies images dans des décors sri lankais superbes et une nature en apparence intacte. En apparence. Les toutes premières minutes, montrant les macaques en pleines acrobaties malicieuses, sont si enjouées que l'on se surprendrait presque à entonner un Hakuna Matata. C'est aussi l'émerveillement de voir ces animaux évoluer et côtoyer beaucoup d'autres espèces, le temps d'une scène, d'un générique final, ou de manière un peu plus habituelle.


Mais Au Royaume des Singes, c'est surtout, aussi, la difficulté de vivre tout en bas de la hiérarchie animale, quand on t'interdit de bouffer ce que tu veux, d'attendre que les membres les plus éminents du groupe se soient servis et que tu te prends des roustes parce que tu as commis un crime de lèse-majesté.


C'est aussi la réduction du territoire, l'expansion humaine ne laissant que peu de place, de moins en moins, en vérité, pour s'épanouir. En résultent des rivalités entre clans de singes pour le contrôle du faible espace de vie disponible. En résultent aussi des scènes étonnantes où les macaques rôdent dans la périphérie de la ville, façon Le Livre de la Jungle, pour ensuite y pénétrer et, au choix, y mettre le dawa, comme dans la scène "Trashing the Camp", dans Tarzan, ou vivre de larcins facétieux, comme Abu dans Aladdin. Ces images surréalistes de primates évoluant sur de la tôle ondulée ou au sommet d'une tour de télécoms étonnent et font prendre conscience que l'homme étrangle un peu plus chaque jour la nature qui hoquète. Le message passant par l'émerveillement fonctionne à plein, les jolies scènes s'enchaînent et les grands yeux des plus jeunes pousseront les enfants à demander aux parents si on peut adopter l'un d'entre eux.


Le cahier des charges est donc rempli, et plus encore. Il est simplement dommage, défaut de tous les films documentaires de la firme aux grandes oreilles, que le studio se croit obligé de scénariser l'univers dans lequel les animaux évoluent. On jurerait la trame générale empruntée à différents films d'animation, avec des personnages aussi bêtes que méchants, ressemblants aux belles-soeurs de Cendrillon, un méchant clairement identifiable ressemblant au Scar du Roi Lion ou au Borgne de 1001 Pattes et un prince charmant avec lequel l'héroïne vivra heureuse-et-aura-beaucoup-d'enfants, sur un rocher (un château ?) regagné face à l'adversité. Dommage aussi de dramatiser parfois les enjeux ou les moments de dangers à l'excès et de montrer la mort de loin alors que la Nature est, par définition, cruelle.


Mais ces défauts ne doivent pas noircir le tableau des qualités de ce Royaume des Singes tout à fait recommandable, joliment tourné et touchant, mettant en scène ces animaux qui nous ressemblent de manière troublante dans nos travers comme dans nos meilleurs côtés. Car l'émerveillement, finalement, est le premier pas vers le respect de la nature.


Behind_the_Mask, Planète des Singes.

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le 23 nov. 2015

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