Le film débute par une citation d’Albert Camus : « Faites attention, quand une démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet mais ce n’est pas pour prendre de ses nouvelles ». Il commence le 20 avril 2015 et raconte un procès et le combat d’une mère, Magda Fýssa dont le fils Pávlos, musicien et rappeur sous le nom de Killa P, a été assassiné, à la sortie d’un bar, d’un coup de couteau, par Yórgos Roupakiás, un cadre du parti « Aube Dorée », le 18 septembre 2013, à 34 ans tandis que la police, à proximité, n’est pas intervenue. Outre ce crime, c’est aussi le procès de ceux qui ont attaqué des syndicalistes et des pêcheurs Egyptiens en 2013 car « Aube Dorée » est non seulement un parti politique raciste, révisionniste, homophobe et néonazi (cf. son logo) mais aussi une organisation criminelle (sous couvert de maintien de l’ordre) que le procès a démontré.
Le coréalisateur Thomas Iacobi, qui travaillait pour La Croix et des journaux allemands, a été frappé à la tête le 19 janvier 2020 alors qu’il couvrait une manifestation de militants anti-émigrés. Après la chute du régime des colonels (24 juillet 1974), il subsiste encore des éléments fascistes au sein de la police grecque. C’est l’absence de Gauche qui explique le développement d’Aube Dorée en période de crise (« Le désespoir trouble l’esprit »), poussant les gens vers l’extrême-droite, d’autant que ce parti avait aussi un rôle social en distribuant de la nourriture aux Grecs les plus modestes. Le film est un peu long (1h57), parfois manque de clarté quand on n’est pas un fin connaisseur de la situation politique en Grèce, peut-être, parce que le film est la « suite » du précédent documentaire de la réalisatrice, « Aube Dorée, une affaire personnelle » (2016) et ne parle pas assez de Pávlos Fýssa. Il a, néanmoins, le mérite de rappeler que le fascisme n’est pas une opinion et doit être combattu (d’où le titre) et de mettre en perspective les exactions d’Aube Dorée avec des événements antérieurs, se déroulant en 1963 en Grèce et en 1933 en Allemagne et qu’il convient de ne pas oublier. D’une part, l’assassinat, à Thessalonique, de l’homme politique (de l’Union de la Gauche Démocratique = E.D.A.) Grigóris Lambrákis (51 ans) le 22 mai 1963 et sa mort 5 jours plus tard. Déstabilisant la situation politique, cela a abouti au coup d’état des colonels du 21 avril 1967. Cette mort a inspiré le roman « Z » (1966) de Vassilis Vassilikos et le film éponyme (1969) de Costa-Gavras (rôle joué par Yves Montand), Z étant l’abréviation de Zei, « il est vivant ». Et d’autre part, le combat de Hans Litten (1903-1938), avocat allemand qui avait convoqué Adolf Hitler en 1931 (alors leader du parti nazi) à venir témoigner dans le cadre d’un procès où des activistes nazis (S.A.) avaient blessé par balles des militants communistes. Il fut arrêté lors de l’incendie du Reichstag le 23 février 1933 et mourut le 5 février 1938 dans le camp de concentration de Dachau. Le procès aboutit le 18 septembre 2019 à la dissolution d’Aube Dorée [fondée officiellement en 1993 par Nikólaos Michaloliákos (à 36 ans) et qui obtient alors 0,11 % des voix aux élections européennes] et à la condamnation à de la prison (12 ans) de 6 cadres du parti ainsi que de son fondateur tandis que Yórgos Roupakiás est condamné à la perpétuité.

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le 18 déc. 2021

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