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En 2 mots...



La fin de l'année 2018 nous offre ce mystérieux petit conte hivernal qu'est "Aucun homme ni dieu". A l'interface entre la fable et la légende urbaine, l'oeuvre figure selon moi parmi ces petites pépites de cinéma cachées, discrètes nous permettant de décortiquer des thématiques trop intéressantes pour simplement passer à côté et se contenter d'un "ma foi c'était pas mal".



Qui comme la Littérature, inspirante est la Nature



Je le souligne dans mes plus récentes analyses [Leave no trace], récemment, le cinéma d'auteur outre-atlantique semble prendre plaisir à exploiter la Nature sauvage de l'Amérique. Avec ses vastes terres enneigées, sa nature sauvage, ses loups et ses communautés tribales, l'Alaska est grande source d'inspiration, à la fois pour l'écrivain, protagoniste de ce long-métrage interprété par le très bon Jeffrey Wright, à la fois pour le cinéaste Jeremy Saulnier.
Quand bien même l'oeuvre en question est une adaptation de la littérature, il n'en demeure pas moins que les paysages aux couleurs sombres et macabres de ce magnifique état qu'est l'Alaska soient eux aussi d'infinies sources d'inspiration. L'oeuvre, par sa photographie, parvient aisément à instaurer une atmosphère inquiétante, mystique et spirituelle. Bien qu'on détectera sans trop de difficulté un trop flou visuel à quelques séquences, qui affadira l'expérience.



Vous ne serez pas sur Le Territoire des Loups !



Parce que Aucune homme ni dieu, n'est pas le rejeton hybride de Wind River et du Territoire des Loups, mais se positionne assurément à la manière d'un thriller métaphysique, qui comme de vieilles légendes indigènes, utilise une succession de métaphores pour aborder un sujet profond de l'humanité ; celui de la bestialité qui réside chez l'Homme. Le cinéaste fera remarquer de part des images captivantes ou violentes, que la bestialité n'est pas simple affaire de cruauté gratuite, mais plus d'un comportement logique et naturel.


Le film présente ses contreparties en introduction ; non, à votre grand regret, il n'exhibera pas une meute de loups assoiffée de sang qui dévorera les villageois un à un, pour le plaisir des amateurs de films d'animaux tueurs et de monstres anthropophages. Le cinéaste prendra exemple sur la nature dixit la scène d'introduction. Il s'appuiera dessus pour y illustrer ses propos dans la suite des événements. C'est plutôt ingénieux. Le procédé est pareillement utilisé par Denis Villeneuve, dans Prisoners, et je le fais remarquer dans mon analyse.



Un univers qui manque de structure ?



Autre appréciation, est ce choix d'utiliser un acteur comme personnage de référence. J'insiste à faire la nuance mais ici, il n'est pas question uniquement de personnage principal, de protagoniste. Le personnage concerné est tout sauf héroïque. Il semble, de par son profil et ses réactions, externe à l'univers instauré. Il est nos yeux et nos oreilles, vit l'action, la suit, la contemple ou la subit. Pouvant faire preuve d'intelligence ou au contraire de stupidité, il est surtout très curieux et pourrait sortir de l'univers et ses problématiques, mais il préférera suivre tout comme nous le cours des événements jusqu'à sa supposé fin.
Le seul problème est que le leitmotiv décrit dès l'ouverture du film n'est absolument pas crédible. Pourquoi suit-on le récit en début du visionnage avec ce personnage de référence ? Eh bien jusqu'aux dix prochaines minutes qui arriveront, on ne sera pas trop, et ça c'est embêtant !


J'adhère tout de même à la proposition globale. Ceci dit quelques séquences qui prennent l'air d'un horrifique de John Carpenter, m'ont laissé perplexe. Ces faux-semblants de mise en scène m'ont fait sortir de l'univers à plusieurs reprises et ça c'est plutôt contrariant.
Le film souffre également de quelques longueurs principalement en début de récit, ainsi que d'étranges choix scénaristiques concernant la répartition des personnages présents à l'écran.
Tout ne semble pas si bien maîtrisé, mais peut-être est-ce l'intérêt du film ? Cette possibilité de présenter un autre mode de lecture consistant à démontrer une fois encore que la Nature ne fait pas que dans l'organisé, le visuellement structuré et la logique ?



La suite...



Il me faudrait sans conteste un second visionnage, mais pour l'instant c'est un 6/10 que je lui confère. Mais voilà, je conseille, parce que ce genre de films, plus que le cinéma mainstream, m'intrigue. Depuis quelques temps, je continue mon périple vers ce cinéma de l'implicite qui, j'ai l'impression, nous fait davantage grandir...

Jordan_Michael
7
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le 7 oct. 2018

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