Ozu revival
Si, si, Ozu, aussi bizarre que cela paraisse… Un veuf, depuis plusieurs années, dont le fils est désormais élevé, encouragé par ce dernier, décide de se remarier. Non sans hésiter. A cette fin, il...
Par
le 27 déc. 2014
33 j'aime
5
Voir le film
Réalisateur parmi les plus connus du cinéma japonais, Takashi Miike se distingue par sa capacité de travail colossale, sa créativité dingue et son goût pour la controverse. Avec plus d'une soixantaine de long-métrages à son actif (auxquels il faudrait rajouter ses réalisations pour la télévision et les direct-to-video), ce fou filmant, comme il est surnommé, est capable de s'attaquer à tous les genres, avec un goût prononcé néanmoins pour la provocation. Malgré une filmographie forcément inégale, le style de Miike reste suffisamment marquant pour ne pas laisser le spectateur indifférent.
Et Audition ne fait pas exception à la règle. Précédé d'une réputation d'ovni et d'œuvre choc, Audition est, en 2002, le premier film de Takashi Miike a sortir sur les écrans français. C'est ce même film qui assurera à son réalisateur une reconnaissance au niveau international.
Dans Audition nous suivons Shigeharu Aoyama, producteur de films, qui vit toujours avec difficulté la disparition de sa femme, décédée sept ans plus tôt de ce qu'on imagine être un cancer. Le trouvant vieilli et terne, Shigehiko, son fils maintenant devenu adolescent, l'incite à se remarier. Shigeharu va alors suivre le - très mauvais - conseil de son collègue et ami Yasuhisa, à savoir organiser une audition pour une série télévisée fictive, afin d'y dénicher sa future moitié. Parmi les candidates, une jeune femme du nom de Yamazaki Asami attire Shigeharu. Séduit par sa troublante beauté et par l'étonnante maturité se dégageant de sa lettre de candidature, Shigeharu voit ses sentiments amoureux confirmés lors du passage d'Asami à la fameuse audition.
La première partie du long-métrage a ainsi tout d'une véritable romance. Shigeharu rappelle Asami et dîne en tête à tête avec elle. Empruntés dans leur relation comme dans leur vie en général, ils vont peu à peu apprendre à se connaître et à s'apprivoiser. Miike s'autorise même un soupçon de comédie lors du casting, avec quelques candidates un peu décalées. Si le réalisateur prend le temps d'installer une ambiance calme, sereine presque contemplative, c'est pour mieux la pervertir par la suite. Quelques indices nous aurons mis toutefois la puce à l'oreille. Quand par exemple Yasuhisa, pourtant à l'origine du faux casting, confie à Shigeharu sa méfiance à l'égard d'Asami. Cette dernière le mettant mal à l'aise, sans vraiment trop savoir pourquoi. Autre indice, et non des moindres, cette fameuse scène où Asami attend dans son appartement près du téléphone, prostrée dans l'obscurité. Seule. Ou presque.
Tout bascule lors d'une scène des plus oniriques où Shigeharu et Asami se retrouvent au bord de la mer le temps d'un week-end. Le récit se désagrège, les rencontres sont revisitées et le passé d'Asami, comme certains errements extra-conjugaux de Shigeharu, sont dévoilés à coup de flashbacks et d'hallucinations. Commence alors pour Shigeharu une véritable descente en enfer. De manipulateur, il finit par se retrouver dans la position du manipulé. Elle cherche un amour parfait, lui ne cherche en fait qu'un substitut à sa défunte épouse et deviendra victime de ses propres turpitudes, et plus généralement du peu de place accordé aux femmes de la société nippone. Immobilisé comme le personnage de Shigeharu dans le film, le spectateur ne peut qu'assister, impuissant, aux souffrances qui lui sont infligées, pris entre compassion et une certaine compréhension envers les agissements d'Asami.
Révélation du mystère entourant Asami, culpabilité de Shigeharu pour avoir abuser de son pouvoir, impossibilité de faire son deuil ou bien tout simplement pure fantasme de sa part, le climax d'Audition possède plusieurs niveaux de lecture. Il se révèle de plus suffisamment insoutenable pour marquer les esprits, contrastant en cela avec l'étonnante sobriété de l'heure précédente. Le film n'a pas volé sa réputation et si vous souhaitez vous plonger dans la filmographie de Takashi Miike, Audition peut en être une excellente porte d'entrée.
Créée
le 4 oct. 2020
Critique lue 185 fois
D'autres avis sur Audition
Si, si, Ozu, aussi bizarre que cela paraisse… Un veuf, depuis plusieurs années, dont le fils est désormais élevé, encouragé par ce dernier, décide de se remarier. Non sans hésiter. A cette fin, il...
Par
le 27 déc. 2014
33 j'aime
5
Quel dommage de déflorer la surprise du scénario par une simple affiche ! Même si Audition n'est pas un très grand film, il demeure une oeuvre inspirée, à l'angoisse savamment distillée et au mystère...
le 1 sept. 2016
25 j'aime
5
Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avec ce film. La seule chose que je savais c'est que c'est un film d'horreur... C'est pour cela que la première heure et vingt minutes environ qui a...
Par
le 15 oct. 2014
16 j'aime
11
Du même critique
Après un "petit" détours du côté des productions Marvel, le temps d'une trilogie Spiderman remarquée, Sam Raimi revenait au genre qui l'a fait connaître, l'horreur, avec le bien nommé Jusqu'en enfer...
Par
le 25 oct. 2020
2 j'aime
A la tête de ce long-métrage, nous retrouvons donc Jeremy Gillespie et Steven Kostanski, tous deux membres de Astron-6, un collectif spécialisé dans les productions à faible budget mêlant...
Par
le 10 oct. 2020
2 j'aime
Premier long-métrage de Natalie Erika James, Relic vient tout juste d'arriver dans les salles, précédé de critiques plutôt élogieuses outre-atlantique, évoquant Mister Babadook de Jennifer...
Par
le 12 sept. 2020
2 j'aime