Lorsque Uwe Boll décide d'ajouter sa pierre à l'édifice du gros oeuvre concernant le plus grand crime de l'Histoire du XXème siècle cela donne Auschwitz : un film levant définitivement le voile sur le plus célèbre des camps d'extermination nazis de la Seconde Guerre Mondiale, un film s'adressant davantage aux néophytes et autres novices en matière d'Histoire qu'aux spectateurs réellement avertis ou simplement un tant soit peu concernés par le sujet.
Uwe Boll cherche - de manière particulièrement lourde et maladroite - à nous ouvrir les yeux sur Auschwitz... Soit. En un peu plus d'une heure de métrage le tâcheron notoire du cinéma allemand développe son point de vue sur une Histoire qu'il assume plus ou moins honorablement, commençant son film par une présentation intellectuellement honnête, à défaut d'être réellement brillante ou même forcément intelligente : Auschwitz nous est livré d'emblée comme le devoir de mémoire personnel du réalisateur, docu-fiction à la fois étonnamment élaboré sur certains points de la retranscription historique, éhontément pauvre si l'on place du côté de la technique et/ou du cinéma et passablement choc et cafardeux sur le plan de l'éthique.
Après avoir placé sur la sellette la jeunesse allemande actuelle en la confrontant à sa propre ignorance dans une introduction clairement orientée vers le témoignage inconséquent et laborieux Uwe Boll nous entraîne durant près de 40 minutes dans le quotidien lamentablement reconstitué du camp d'Auschwitz ; on sent alors une volonté douteuse de faire fantasmer le spectateur à renfort de scènes explicites filmées à la truelle, insistant péniblement sur tous les tenants et aboutissants intrinsèques à la solution finale, de façon souvent obscène et voyeuriste... On pourra à sa décharge reconnaître que Uwe Boll ne triche pas avec le passé de ses ancêtres, cherchant modestement à montrer la réalité telle qu'elle était : horrible, nauséabonde et inhumaine.
Hélas Auschwitz - à la différence des meilleurs films réalisés sur ce triste pan de l'Histoire du XXème Siècle - est un objet techniquement pitoyable, lourd voire gratuit dans ses pires instants. Là où un long métrage tel que Le Fils de Saul - aussi discutable soit-il sur le plan du regard porté sur le sujet - parvient totalement à nous déranger et nous bouleverser par sa puissance immersive celui de Uwe Boll se montre parfaitement raboteux, disgracieux et trop démonstratif dans sa narration, narration accumulant les surlignages visuels et autres paraphrases. En résulte une apnée moins traumatisante que véritablement embarrassante, nous questionnant sur la pertinence voire la simple légitimité d'un tel film...
Reste le courage d'un cinéaste balourd, dont la médiocrité artistique n'a rien de la découverte ni même de la surprise. Auschwitz, objectivement mauvais, nous laisse entrevoir timidement ses propres circonstances atténuantes dans ses dix dernières minutes, minutes s'ouvrant sur les leçons à tirer de l'enfer sus-cité. Alors, soit.