Le vent souffle sur les plaines, des plantations Américaines

Tout a déjà été dit sur Autant En Emporte Le Vent.


Sa réputation de mythe sacré le précède, et il est immédiatement évident qu’il dégage quelque chose, l’aura particulière du film pas tout à fait ordinaire. Fresque épique, Autant En Emporte Le Vent est la rencontre entre la petite histoire, celle des amours de Scarlett O’Hara, avec la grande histoire, celle de la Guerre de Sécession, et une troisième histoire, celle du Cinéma.


L’histoire d’Autant En Emporte Le Vent est intemporelle. Scott, Ashley, Rhett et les autres nous parlent d’amour, de destins qui se croisent et qui se fuient, de cœurs brisés et de réactions d'orgueil… Ses personnages vivent, évoluent, se tournent autour, se rapprochent et s’éloignent. C’est le grand bal de la vie tel qu’il était il y a 80 ans et tel qu’il le sera encore dans 80 autres années.


Impossible de parler des acteurs sans oublier un protagoniste central du film : son époque. Fleming fait danser ses comédiens au sein d’une fresque historique fantasmée, empreinte d’une vision idéalisée, nostalgique et naïve du vieux Sud Américain.


Contrairement à de nombreux films historiques, l’époque n’est pas un simple décor, présente seulement pour nous offrir le charme désuet du temps où il était plus important d’être un galant gentleman que d’être en vie. Ici, elle fait partie du casting, elle vit et se montre en mouvement, jamais statique. Cette civilisation sursaute, décline, change, emportant avec elle ses personnages "with the wind".


Autant En Emporte Le Vent doit se regarder au cinéma car plus qu’un film, c’est un spectacle, une épopée monumentale et magistrale, portée par la musique épique de Max Steiner. On peine à croire qu’il a été tourné il y a plus de 80 ans tellement l’image est belle. L’esthétique est splendide et les scènes de toute beauté, tandis que les couleurs n’ont pas été ternies par le temps et sont toujours vibrantes, notamment grâce à la maîtrise du tout récent procédé Technicolor, qui flatte nos rétines successivement du vert chatoyant des robes de bal et du bleu du ciel au-dessus des plantations florissantes, des flammes de la guerre, de la poussière ocre des périodes de famine et des ombres noires et morbides qui envahissent le manoir d’Atlanta.


C’est aussi sans doute le meilleur moyen de tenir sa longueur. Comme toute fresque, Autant En Emporte Le Vent est long (près de 4 heures). Malgré tout, on ne s’ennuie pas dans une salle sombre, sans distraction et sans téléphone à portée de main.


Beaucoup a également été dit sur les travers culturels du film : des esclaves bien contents de leur sort (« c’est une bonne situation ça esclave ? »), une scène de viol somme toute bien acceptée par sa victime, une vision noble mais surtout mensongère des motivations des Etats Sécessionnistes… Comme pour votre tonton raciste, l’âge n’excuse pas tout, et il est avisé de prendre du recul sur l'œuvre une fois que vous l’aurez vue.


Car si vous êtes cinéphile vous irez la voir, bien entendu !

Lamamalin
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le 7 févr. 2022

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