Certains films ne font pas comme les autres. A travers trois contes modernes et touchants sur les sentiments, la sensualité, la grâce, mais aussi la trahison, la duplicité, l’inachevé, Ryūsuke Hamaguchi explore les relations humaines, et les choix qui nous emportent vers le sublime ou le terrible.


Au-delà du sens que chacun pourra interpréter, son film exprime un cinéma qui sort des habitudes.


Par la structure, d’abord. Avec ses trois moyen métrages, Hamaguchi se lance dans une partition étonnante qu’il récite pourtant avec constance. La structure, la mise en scène, les histoires, l’atmosphère, le rythme… Tout compare ses trois histoires et les unit dans un même triptyque comme une évidence. Et pourtant! Chaque conte parle d’une facette unique de l’amour avec sa propre identité, à tel point qu’il serait bien difficile de choisir son histoire préférée sans se sentir coupable d’en laisser une autre pour compte.


Par le rythme inhabituel, ensuite. Hamaguchi nous installe parfois dans une torpeur confortable, mais il sait également sortir des courants vers lesquels ses contes semblent naturellement naviguer, et nous amène toujours là où l'on ne pensait pas aller. L’amour est beau mais il fracasse, et ses personnages nous surprennent, nous fourvoient, nous mentent. Les rebondissements sont rares, mais abrupts.


S’il sort si bien de ses carcans, c’est qu’Hamaguchi a compris l’essence profonde du cinéma. A l’écran, il ne suffit pas de faire de grands gestes, au contraire. Plus un dialogue est long, plus il va chercher dans l’intimité de ses personnages, et plus il crée.


Certes, Contes du Hasard et Autres Fantaisies peut souvent sembler à l’arrêt. C’est un film à texte, simple, sans visuel, sans musique. Ses caméras sont presque aussi statiques que ses rares personnages. Et pourtant, quelle intensité! Jamais un film n’aura autant donné cette impression déroutante de regarder de la littérature. Quel meilleur exemple que cette simple scène au milieu du film, dans laquelle Nao lit. Une simple lecture, sans artifice. Et pourtant le jeu de regards, de sous-entendus, les enjeux, les réactions… Tout peut basculer, et la magie opère.

Lamamalin
8
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le 10 juil. 2022

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Lamamalin

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