Autopsie d'un meurtre par raisin_ver
N'allons pas par quatre chemins, les deux heures trente d'Autopsie d'un meurtre défilent à la même vitesse que McCarthy descend une bouteille de scotch.
Un thème dur, un viol et un meurtre, un procès qui occupe plus de la moitié du film mais le tout est rythmé de quelques moments d'humour avec nos deux avocats sans le sou, l'arrivée en gare d'un psy qui a laissé les poncifs habituels à d'autres, quelques passages magiques avec James Stewart au piano en compagnie d'un invité de luxe, le tout servi par une bande-son jazz superbe.
La première partie du film aurait pu être tirée d'un roman de Ellroy, il y a un crime sordide, des bars, de la fumée de cigarette, des témoins récalcitrants, des marginaux au grand cœur et au petit portefeuille et des dialogues inouïs. Les sous-titres ont d'ailleurs bien du mal à retranscrire toute la densité des propos et des sous-entendus. Pour tout saisir, le film nécessite sans doute plusieurs visions.
Il n'y a jamais mystère sur le crime en lui-même, tout le film repose sur le talent de Stewart à défendre son client, surtout face à un opposant de la trempe de George C. Scott, la diction aussi tranchante qu'une lame et une gueule qui terroriserait n'importe quel caïd.
Le retournement final est d'ailleurs amené si malicieusement que l'ensemble fait presque figure de piège géant, la conclusion du procès étant d'ailleurs expédiée n'ayant presque plus d'importance. Il n'y a qu'à entendre les mots de la délicieuse Laura sur les marches du palais. Tout le film est baigné par l'énergie sexuelle incroyable que dégage son personnage. Rares sont les femmes à susciter autant le désir. Les scènes entre elle et Paul au début du film en sont de bons exemples, mais tout le film en est truffé.
Une œuvre phénoménale dans la carrière du grand James.