Sügisball (Bal d'automne) est une élégie de la solitude sous ses formes les plus diverses et dans diverses couches de la société estonienne.
Le réalisateur se place dès le départ sous le patronage de Cassavetes ou Bergman mais n'en trouve pas moins un ton bien à lui, presque déjà sûr de son style, souvent des scènes réduites à deux lignes de dialogue voire moins. Sugisball confirme bien les espoirs de son court métrage Tühirand avec toutefois moins d'humour et de cette distance délicieuse.
Les scènes les plus étonnantes sont sans doute le passage à tabac d'un réalisateur de "comédies sentimentales", sorte d'auto-flagellation par procuration, d'auto-critique ou de dérision pure et le traitement de la phobie pédophile, entre autres.
L'alcool tient une place de choix dans beaucoup de ces solitudes et la dernière scène en referme une parenthèse ouverte au début.
Si, comme s'interroge un des personnages, l'identité balte n'est encore qu'un fantôme, le film contribue à lui donner un corps et une existence bien définis.