Sentiment étrange au sortir de ce documentaire qui m'a fait l'effet quelque part d'être une espèce d'allégorie à la gloire de Coppola et sa folie, signée par la main de sa propre femme que l'on découvre aussi dingue et jusqu'au boutiste que lui (il faut voir le sourire quasi pervers se dessiner sur son visage quand elle se remémore des moments complètement barges en assumant tout à fait que ça l'excitait méchamment).
D'un côté, j'ai apprécié le voyage, mené par la volonté d'Eleanor Coppola de ne pas travestir les travers de son mari qui est du genre à ne rien lâcher quand il a une idée derrière la tête (cf l'épisode du malaise cardiaque de Charlie Sheen). La démesure du tournage, la manière dont le maestro doute de lui en permanence, l'organisation chaotique derrière les plus belles scènes du film, la collaboration burlesque avec les forces armées des Philippines (dont Coppola utilisait les helicos / pilotes en fonction de leurs disponibilités), tout ça fait qu'on écarquille les yeux toutes les 5 minutes. Et puis quand on est fan d'un film, un making-of aussi riche est une friandise que l'on gobe goulument.
Et pourtant, de l'autre, je n'ai pas pu m'empêcher de rester en retrait, de me demander constamment ce qui justifie de consentir à autant de sacrifices, et de pester machinalement devant ce rouleau compresseur américain qui se régale des populations locales qu'il peut se permettre d'embaucher par centaine pour le même prix que ce qu'un travailleur lui aurait coûté sur les terres de l'oncle Sam.
De quoi me sentir un peu gêné d'adorer le film, une péloche certes dingue, mais dont je ne cesse de me demander si elle méritait autant de souffrance, surtout qu'on ne nous relate que celle des privilégiés de l'histoire...