Ed et Lorraine n’ont qu’à bien se tenir, voilà un concurrent qui fait office de saint suaire dans les bacs de DVD à un euros l’unité de chez Cash Express. Aux Portes de l’Enfer, nous propose rien de moins qu’une maison hanté avec des sacrifices de poulets, des messes noires sur fond de musique haïtienne, des orgies, des fantômes et un démon exhibitionniste qui se soulage devant les gens, de quoi mettre le père Karras en PLS dans ses propres déjections. On ne sait pas grand-chose de son réalisateur puisque sa filmographie reste inédite chez nous, mais avec un film comme PETS qui compare les femmes à des grosses chiennes en chaleur que l’on tient au collet, on se dit qu’il doit y avoir de la suite dans les idées.
L’histoire introduit un couple d’escrocs évangélistes contraint de fuir la tumulte de leur cour des miracles après avoir honteusement arnaqués des péquenauds locaux lourdement armés et venu réclamer leurs arrhes. Malins comme pas deux, les deux complices vont profiter du bordel ambiant de la mêlée pour se faufiler en douce vers la sortie et il leur suffira d’embrouiller un agent de police pas très finaud pour mettre le cap sur L.A. et laisser derrière eux ce raffut du diable annonciateur de la suite des événements. Après une ellipse sous une partition country digne de la salsa du démon ("You Better be ready !"), les voilà rendu au 666 de la 13ème rue pour investir un vieux taudis que l’on devine squatté et probablement maudit de par sa localisation. Mais comme le révérend Johnson n’est pas vraiment du genre à se salir les mains il va confier le chantier de rénovation à des bougnoules clandestins qui se feront attaquer dans le sous-sol de la maison qui servira ensuite de lieu de culte dévolue à la gloire de Satan. Et à défaut de pouvoir guérir les malades, cette nouvelle église va leur permettre de s'en mettre plein les fouilles et d’exaucer les souhaits de celles et ceux qui acceptent de revêtir la soutane lors des messes noires. On assistera donc à plusieurs miracles comme une implantation mammaire par voie occulte sous cutanée ainsi que la mort de deux policiers provoqués par un accident divin, les adeptes finiront fatalement par en payer le prix fort, la demeure étant rapidement infesté par la présence insidieuse de mauvais esprits et d’un diablotin qui va semer la mort et le chaos accompagnés de ses congénères revenants et autres créatures de l’enfer. C'est souvent ce qui arrive quant on accepte de pactiser avec le diable.
C’est parfois à se demander si le réalisateur ne s’est pas volontairement sabordé faute de pouvoir réaliser un film effrayant, même si on sent bien des velléités de tourner la religion en dérision surtout avec ces éclopés prêt à avaler des couleuvres. Les personnages sont donc ultra stéréotypés, entre les punks qui cherchent à foutre le bordel à la cérémonie, le rabbin exorciste qui tente d’empêcher les propriétaires d’ouvrir les portes de l’enfer ou bien cette vieille agente immobilière sans scrupule toujours accompagné de son fils, un ado geek et obèse que l’on verra engoncé dans des accoutrements systématiquement ridicule ce qui ne devrait pas manquer de susciter quelque fous rire avec un ou deux verres dans le nez. Parait que c’est pas bien de se moquer des handicapés… Certains gags viendront ponctuellement parasiter le récit, et on ne sera même plus surpris de voir un toilette fièrement trôner sur les ruines de la maison après que plusieurs plombiers se soient succédé pour tenter de le déboucher, évidemment sans succès. C’est probablement le chiotte du diable en personne. Si certains spectateurs seront consternés par le (second) degrés de bêtise affichés autant que par les discours haineux du couple de prêcheur affablement antipathique envers les homosexuels et les juifs, les férus du genre eux seront au diapason. Vous n’aurez jamais eu autant le sentiment que de vous être fait arnaquer devant Aux Portes de l’Enfer sans jamais regretter l’investissement de ce DVD d’autant qu’on s’emmerde carrément moins que devant Amityville. Quant à vous autres, sachez que le film peut à présent être redécouvert gratuitement en « HD » sur Youtube dans sa fantastique version française ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Plus on est de fous, plus on rit. Sur l’Écran Barge, tu trouveras toute une liste de critiques de films complètement DIN-GUES !