S'il est un des films qui m'a le plus fait rire par son audace et son grotesque dernièrement, c'est bien Aux Portes de l'Enfer.
Si vous avez trouvé Amityville assez mou du bubon et si vous avez envie de retrouver l'ambiance de Braindead (sans le génie toutefois, faut pas exagérer), Aux Portes de l'Enfer est ma recommandation. J'ai aussi pensé à Society ou au Dentiste, et Satan sait combien j'adore ces singularités où on ne sait sur quel sabot danser.
Trouvé pour moins d'un euro dans un obscur Cash Converters d'une obscure zone commerciale de banlieue, ce film réédité est capable de tout. Il vend du rêve.
D'abord, il se fout des genres. On passe d'un film d'escroquerie au film d'épouvante en passant par le comique gore, mené par une panoplie de personnages caricaturaux et affligeants. Il ne faut s'étonner de rien, c'est-à-dire de tout.
Ensuite, il se fout de la technique. Bien que je sois convaincu que le réalisateur sache concevoir des plans et monter un film, le rendu est très contrasté. On navigue à vue dans un soap américain saupoudré de messes noires, de chèvres sacrifiées et d'orgies de punks nazis. Le point essentiel sur ces aspects techniques n'est pas tellement du au film lui-même qu'au doublage et aux pistes sonores très aléatoires. La production a réédité tel quel. Je sais pas, je pense que personne ne l'a vu en vérité, parce qu'à côté, un film indonésien ou philippin doublé, je pense qu'il fait mieux.
Ensuite ensuite, il se fout de la narration. Ou plutôt des ellipses. Puisqu'il n'y a pas une seconde à perdre. Ce long-métrage est capable d'écouler plusieurs mois d'un plan sur l'autre sans broncher. Il faut suivre, et mine de rien, ça accroche et ça dynamise l'ensemble. C'est assez bluffant.
Je ne voudrais pas qu'on se méprenne : j'ai connu des films affligeants. Ce n'en est pas un. On ne rit pas parce que c'est très mauvais. On rit parce que c'est claqué, parce que ça ose. Et que cela suscite une certaine tendresse satanique.