On sait que les réalisateurs teutons peuvent faire de beaux films américains (le grand Wim n'est pas loin). Mais, définitivement, ici, le rêve américain a pris du plomb dans l'aile. Dans cette version actualisée d'On achève bien les chevaux, les déshérités de tout poil tentent de tenir contre le système, au propre comme au figuré, afin de gagner un gros symbole moche de "réussite" phallique, le pick-up promis à celui qui laissera le plus longtemps possible ses mains posées sur cette Chose lors d'un concours absurde organisé par un garagiste de Louisiane. Si les participants en présence dessinent un portrait peu nuancé de l'Amérique en berne, le personnage de Kyle, lui, fait l'objet d'un beau traitement, complexe, de même que celui de Joan, dont l'éternel optimisme au bord du craquage est touchant. Il en ressort à la fois une tension dramatique dans le scénario, qui secoue, et une infinie mélancolie, à la Hopper, dans les plans finaux notamment. Un peu inégal (surtout la dernière demi-heure), mais du beau cinéma tout de même.