Encore une fois, le concept promettait. Imaginez que les héros des légendes arthuriennes (Arthur, Merlin et toute la clique, …) soient destinés à se réincarner à notre époque pour affronter les forces du mal. Imaginez qu’ils aient choisi comme lieu de leur réincarnation un lycée américain tout ce qu’il y a de plus normal. Voilà, ça c’est le pitch. On est déjà perché tellement haut qu’on ne distingue même plus les continents. Le pire, c’est qu’apparemment c’est adapté d’un livre, je ne doute pas qu’il soit meilleur que son adaptation filmique, ce qui ne représenterait pas non plus un exploit. Mais voilà, rien que cette idée de départ, cette idée de départ quoi !
On a donc Allie, jeune ado américaine lambda, qui débarque dans un nouveau lycée et va tenter de se faire des amis. Elle tombe bien entendu amoureuse du capitaine de l’équipe de foot en 3 secondes, se fait pote avec l’intello qui râle tout le temps, et se méfie du vilain qui s’habille en noir. Jusqu’ici, c’est un peu le pitch de n’importe quel DCOM, donc qu’est-ce qu’il y a de neuf cette fois ? Eh bien c’est justement tout ce rapport aux légendes arthuriennes, l’idée étant que nos personnages principaux sont en fait les réincarnations des Chevaliers de la Table Ronde. On l’a déjà vu avec Wendy Wu, les gars de Disney Channel sont très forts pour reprendre les grosses bases de mythes étrangers et les adapter (avec grande fidélité bien évidemment) à leurs petites histoires de lycéens sans intérêt. Le film établit ainsi des parallèles subtils, genre le triangle amoureux basé sur la relation Arthur-Guenièvre-Lancelot, et par peur que les adolescentes de 13 ans (qui n’en ont toute façon rien à foutre d’Arthur) ne comprennent pas, on appuie le tout avec des dialogues bien subtils « toi et moi on est comme les chevaliers de la Table Ronde » alors que la conversation n’a rien à voir, ok.
Du coup, on voit où le film veut en venir en à peu près 2 minutes, mais le pire c’est qu’il prend bien son temps pour en venir au vif du sujet. On passe une bonne heure à se concentrer sur les tribulations amoureuses de notre héroïne, de ses conversations trop profondes avec le traditionnel gars sportif/trop mignon mais en réalité intelligent et malheureux (on y croit). Le type veut d’ailleurs devenir président des Etats-Unis, ok c’est beau de rêver, mais il faudrait peut-être commencer par investir dans deux-trois neurones, non ? Sans oublier le triangle amoureux le plus obvious du monde. Je ne sais pas comment le gars fait pour ne pas capter que sa copine se tape son meilleur pote, ils ne font aucun effort pour se cacher.
Mais bon, quand on en arrive au côté arthurien de la chose, faut pas croire que ça devient mieux. L’intrigue est torchée avec un twist bien prévisible et crétin comme on les aime, et un combat final aussi épique qu’une course d’escargots. Y’a rien, rien de chevaleresque, de grandiose, de tragique. C’est juste une histoire de lycée made in Disney, avec deux-trois gus habillés en chevaliers pour faire bien. C’est vraiment à se demander pourquoi ils ont tenu à raconter cette histoire abracadabrante tant ils semblent n’en avoir rien à foutre, ce qui compte c’est cette héroïne mollassonne et OMG va-t-elle se taper le bogoss de service ? Y-avait-il besoin de doubler le budget habituel en rajoutant une dizaine d’armures en plastique et deux plans en hélico ? Enfin je réagis comme si le pitch de départ était de toute façon une bonne idée. Soyons clair, je vois mal comment une idée aussi prodigieusement débile aurait pu donner autre chose que ce téléfilm délicieusement nanardesque.
Tant que je parle de réalisation, il faut quand même que j’évoque plusieurs points du film qui m’ont vraiment titillé la rétine. Déjà la photo est assez hideuse. Il y a des effets de lumière nauséeux tout le long et une scène avec de gros éclairages verts, sans qu’on ne sache vraiment pourquoi. Mais surtout, il y a un vrai problème de cadrage dans ce film. Je me suis demandé si mon lecteur n’avait pas tronqué le film parce qu’un plan large où seulement les têtes des deux protagonistes apparaissent, ça défie toute logique. Je ne sais pas trop si le réalisateur essayait de faire un truc où s’il était occupé à se curer le nez à chaque fois qu’on plaçait la caméra, mais ce n’est pas possible. C’est déraisonnable.
Le concept était osé et a été poussé très loin. Avalon High n’est peut-être pas le DCOM qui m’a fait le plus rire, sur la durée n’empêche que rien que l’idée de départ il fallait oser. C’est à ranger aux côtés de Teen Beach Movie, on savoure le concept de merde qui va beaucoup trop loin pour ne serait-ce que prétendre au bon sens, et on se délecte des sempiternels clichés qui nous sont balancés à la gueule avec toujours autant de conviction.