Le peintre Julian Schnabel livre un biopic sur le poète cubain homosexuel Reinaldo Arenas certes bourré de défaut mais emprunt d'un lyrisme indéniable et fascinant. Il fait quelques erreurs: un rythme parfois maladroit et plombant, des plans pas forcément nécessaires et, là c'est vraiment dommage, il noie les paroles du poète dans des compilations d'images de paysages qui ne sont ni illustratives ni symboliques. Il tente beaucoup et ne fait pas toujours mouche. Cependant, le film a de grandes qualités. Il ne fait pas l'erreur de se contenter d'un biopic linéaire et surtout la force du film réside dans le personnage de Reindaldo, au destin incroyablement chaotique; Verlaine l'aurait facilement classé auprès de Baudelaire, Corbière et autres poètes maudits. On suit avec intérêt et émotion la destinée de cet artiste talentueux mais qui ne connaîtra jamais la stabilité, poursuivit puis emprisonné à Cuba, dans la précarité sans couverture sociale à New York avant de souffrir du Sida et de se suicider (même si le film suggère une autre fin, pourquoi?). Enfin, l'interprétation est remarquable, Javier Bardem endosse parfaitement le rôle (il faut quand même s'accoutumer à son accent) et fait preuve d'une sacré justesse. La présence de "guest stars" dans des rôles étonnants est aussi agréable: Sean Penn en paysan cubain, Johnny Depp en travelo incarcéré puis en lieutenant (son face à face avec Bardem est très intense). Au final, malgré les défauts évidents du film, il reste tout de même une belle réussite.