Noble démarche qu’est celle de Leonardo DiCaprio dans ce documentaire sur le réchauffement climatique. Nommé « Messager de la Paix » en ce qui concerne l’écologie par l’ONU en 2014, l’acteur nous livre ici, un compte-rendu de ces 2 années passées jusque-là à ce poste.
On trouve énormément de choses positives dans ce documentaire. On suit DiCaprio dans son voyage autour du monde des pires horreurs climatiques : champs de palmiers en Indonésie, glaciers fondus autour du pôle Nord, Pékin et son nuage de pollution, exploitations pétrolières en Amérique du Sud etc. On y voit aussi des grands chantiers anti-pollution comme la « Tesla Gigafactory » et des interviews de différentes personnes toutes plus ou moins impliquées dans la cause écologique. Comme je l’ai dit, tout cela est louable et c’est ce qui en fait un bon documentaire. A cela doit s’ajouter le fait que : c’est bien filmé, bien monté et que la bande-son, bien que discrète, est très efficace ; aussi, la narration de DiCaprio est plutôt cool (on sent le gars assez impliqué et tout) et le fil scénaristique, l’angle d’attaque du documentaire, est plutôt bien pensé. Le fait qu’on suive le « Messager de la Paix » et que le film a un aspect intimiste et personnel (genre DiCaprio nous parle de son enfance, de son rôle récent dans The Revenant, de son propre rôle dans la cause écologique, tout ça, tout ça…), bah c’est plutôt cool. Et ça empêche surtout le docu d’être hypocrite, dans le sens où Leonardo dit lui-même qu’il ne s’y connait pas tant que ça et qu’il ne demande qu’à découvrir les aspects du problème écologique, chose qu’il essaie de faire. Et donc, dans ce docu, DiCaprio n’aborde que ce qu’il connait et/ou découvre. Pas d’hypocrisie. Nickel !
Aussi, ce que je trouve louable dans la démarche de l’acteur, c’est d’utiliser son statut de « superstar oscarisée » pour adresser un message qui toucherait un maximum de personnes. Beaucoup ont critiqué le choix de l’ONU de décerner le titre de « Messager de la Paix » en matière d’écologie à un acteur qui n’y connaissait rien scientifiquement à l’écologie. Mais, avec ce film, DiCaprio joue bien son rôle d’ambassadeur et offre ce qu’il sait le mieux faire pour une cause qui lui tient à cœur. Et ne serait-ce que pour ça le film est intéressant : offrir à un maximum de personnes un premier regard sur la cause écologique.
Mais voilà, justement. Ce film n’offre qu’un premier regard sur la cause écologique. C’est à la fois sa grande qualité et son principal défaut. Quelqu’un qui est déjà habitué un tant soit peu à la cause écologique ne tirera pas grand-chose de ce film… Il pourra même y trouver des choses à redire. Par exemple, le film loue les systèmes d’énergies renouvelables comme les éoliennes ou les panneaux solaires, mais ne parle pas de la difficulté à recycler les panneaux solaires usagés, ni de comment ils peuvent être améliorés. Le docu parle aussi de l’impact de la consommation de viande sur le réchauffement climatique (point positif, d’ailleurs), mais n’en parle que très peu et ne se concentre que sur la consommation des Etats-Unis et uniquement là-dessus (sur ce point-là, d’ailleurs, je recommande à tout le monde le film Cowspiracy de Kip Andersen qui maîtrise mieux son sujet et qui est accessible à tous). M’enfin voilà, il y a plusieurs points que l’écolo qui s’y connait pourra contester.
Enfin, pour finir cette critique qui commence à être un peu longue, le film a été conçu dans le contexte de la COP21, grand sommet écologique de différents représentants du monde entier venus s’engager pour l’écologie et le développement durable qui a eu lieu à Paris en novembre 2015. Et le film constate que les accords de Paris sont une bonne chose en soit, mais qu’ils sont toutefois insuffisants (et ça, même Obama le reconnaît dans le docu) car ce ne sont que des paroles qui peuvent ne pas être respectées, et en plus, pour que ces accords soient signés par le plus grand nombre, le texte évite d’aborder les sujets les plus sensibles… Eh bah, ce film, c’est tout pareil ! C’est un bon documentaire, qui présente assez bien les choses et qui est une bonne porte d’entrée vers le problème du réchauffement climatique. Toutefois, il est insuffisant dans le sens où il reste assez gentil et bien qu’il dénonce certains lobbies ou l’utilisation d’huile de palme par certaines sociétés agroalimentaires et les conséquences que ça apporte, ne propose pas vraiment de solution ou même de début de solution envisageable pour résoudre les différents problèmes qu’il évoque, si ce n’est d’ouvrir les yeux et de se bouger les fesses. Ouvrir les yeux et se bouger les fesses, c’est bien, mais encore faut-il savoir comment le faire.