Pour son troisième et dernier long métrage en date le méconnu Jacques Nolot insuffle à son récit une large bouffée d'empirisme. Avant que j'oublie contient effectivement énormément d'éléments personnels de la vie de l'acteur-réalisateur : homosexualité, prostitution masculine, condition de l'écrivain ou encore problématique de la séropositivité sont autant de sujets abordés avec finesse et frontalité par l'artiste...
Un peu à la manière d'un certain Paul Schrader qui - en son temps - fréquentait les sex-shops new-yorkais Jacques Nolot apporte un témoignage sincère et touchant sur son expérience des milieux interlopes parisiens. Cinq ans après son très beau et confidentiel La chatte à deux têtes il réitère l'exploration des univers gays, filmant sa sexualité et celle de ses amis avec audace. Largement autobiographique Avant que j'oublie peut s'appréhender tel un film-somme, une sorte de synthèse du cinéma honteusement marginalisé de Jacques Nolot : lente, douce mais finalement terrible car empreinte d'inéluctable et de morbidité cette élégie silencieuse demeure parfois peu évidente, exigeante même ; par ailleurs l'écriture, soutenue mais prosaïque dans un même mouvement, porte en grande partie un récit dépouillé d'afféteries.
On tient là un film personnel, véritablement beau et authentique, étrangement délicat mais aussi cruel et habité par la mort. Jacques Nolot réussit à sublimer ses personnages en les respectant de part et d'autre du film : il évite le tapage et le sensationnalisme, préférant la tendresse au choc, délaissant le racolage au profit de la pudeur. Il signe un Cinéma jusqu'au-boutiste d'une élégante cohérence, dans la lignée de ses pairs Paul Vecchiali et André Téchiné. A réhabiliter.